Je sais, en principe ça se fait pas, de faire une entrée rien que pour répondre aux commentaires. Mais je suis comme ça: sous des dehors de classiciste inamovible, se cache un iconoclaste irrévérencieux qui n’a jamais eu froid aux yeux (j’écoutais du Lou Reed et citais Jim Morrison dans mes Doc Marten vertes à même pas quatorze ans: prends ça, conformisme pré-adolescent primaire!). Et puis surtout, je sais pas vous, mais moi je vais jamais vérifier si quelqu’un a répondu à mes commentaires sur le carnet d’un autre. C’est pas que ça m’intéresse pas, mais bon, on n’a qu’un stock de neurones limité, surtout quand on a passé la plus grande partie de sa jeunesse à les détruire dans la drogue et l’alcool, donc c’est pas facile de se souvenir de tout. Mais pour la suite, c’est promis, ça restera dans les commentaires, grâce au tout nouveau plugin d’abonnement par e-mail qui ira vous embêter jusque dans votre boîte-aux-lettres pour vous tenir au courant. Bon sang, encore une promesse sur ce blog et je suis prêt à démarrer une carrière politique.
Alors voilà, d’abord, il faut que je fasse une petite confession, histoire de me libérer la conscience et de rassurer un peu ceux qui ont (hypocritement?) exprimé leur surprise à l’annonce de ma ligne éditoriale: cul et violence il y aura, certes, mais il est possible que je me soit avancé un tout petit petit peu de rien du tout quand j’en ai fait le thème exclusif des pages à venir. J’admet avoir cédé à la tentation ô combien irrésistible de créer l’effet d’annonce par des moyens bon marché, limite racoleurs, peu dignes d’un successeur de Voltaire qui s’est tapé à une époque toute l’Ethique de Spinoza en latin (oui, enfin c’était surtout pour impressioner mes camarades, afin de me taper tout autre chose. De toutes manières: je comprenais pas une ligne sur trois).
Mais c’est pas ma faute non plus: je faisais que suivre les conseils glanés dans le très intéressant guide du « blog comme vecteur de propagation médiatico-marketing dans le cadre d’une synergie technologico-putassière de mon sphincter avec votre compte en banque » (c’est paru aux éditions Trashs de Minuit, je vous envoie le PDF pour 10 euros plus frais de port). J’avais sauté le chapitre qui explique que, pour faire « trash », le cul et la violence c’est complètement dépassé: il faut faire des comptes-rendu des feuilletons télévisés de la veille (des feuilletons « trash », hein, sinon ça marche pas) en mettant des vignettes pour illustrer. Ca, ça va être vachement dur, parce que même s’il y a bien des émissions plutôt poussées par ici, le soir à la télé, je suis d’habitude bien trop occupé par mes recherches scientifiques (« Et le valium, ça se dissout dans la Skyy? », « Qu’est-ce qui se passe si on laisse du Red Bull à sécher sur le réfrigérateur et qu’ensuite on le réduit en poudre pour le renifler avec une paille? », « Et le chat, est-ce qu’il aime le Red Bull? »… que de la science, je vous dis) pour pouvoir regarder et donner des comptes rendus le lendemain. Bref, j’ai peur de ne pas être taillé de l’étoffe dont on fait les blogueurs trashs, mais je ferai de mon mieux.
Puisqu’on parle cul, justement:
vos commentaires, là… Il va falloir se calmer. Je suis à peine arrivé, c’est déjà l’orgie; je vous en prie, messieurs-dames, rhabillez vous, nous nous connaissons à peine. Et puis d’abord, vous feriez mieux d’attendre un peu plus que deux malheureux billets avant de m’oindre de votre admiration sans borne et de jeter votre corps secoué de désirs inassouvis aux pieds de l’artiste qui a si bien su capter la profondeur et les raffinements de votre mal-être existentiel. Non pas qu’un quelconque sens éthique ne me force à refuser tout rapprochement physique amoral avec mon lectorat, mais prenons d’abord le temps de nous connaître, très chers, je vous en prie.
J’ose à peine relever l’audacieux rapprochement avec monsieur Gustave Flaubert dont seule la certitude apportée par six laborieuses heures passées à expliquer le principe d’action-réaction du clavier d’ordinateur commun à ma mère (« non, là, tu vois, il faut relever le doigt pendant que tu cherches la touche suivante »…) me permet d’écarter toute suspicion qu’elle puisse en être l’auteur. En plus, j’ai honte de l’avouer, mais Flaubert m’a toujours un peu fait chier (ce qui n’exclue en rien une possible similarité de style, bien au contraire). Quoi qu’il en soit, un homme qui détestait aussi cordialement Lamartine, ne pouvait pas être fondamentalement mauvais; et puis on lui doit Maupassant, je m’abstiendrai donc de commenter sur le caractère proprement illisible de certaines pages de Salammbô afin de ne vexer personne.
Pour Karl, je me dois de préciser que par « nécessité » d’écrire (ou de blogguer), je n’entendais bien sûr d’autre contrainte que celle de l’artiste tourmenté, pour lequel il n’est point d’existence possible sans céder à l’activité créatrice qui meut tout son être. Aussi pour la gloire, le sexe et l’argent (mais je sais pas si ça fait partie de l’aspiration kafkaïenne, ça). En tout cas, personne ne m’a encore posé de Smith&Wesson sur la tempe avec pour instruction de faire chier des inconnus avec ma vie trois fois par semaine.
Et tout spécialement pour Xavier, qui semble féru de parler traditionnel, un peu de poésie dont je m’empresse de préciser que j’en ai volé l’inspiration quelque part, mais n’ayant pu retrouver l’original exact, j’ai du laborieusement en recréer une version assez approximative. A scander en alexandrin iambique pré-romantique, césure à l’hexamètre, bien entendu.
Oncques qui n’ayant ouï le pas lest’ du chasseur
Bramoit le jeune cerf, le soir au fond des bois,
Oncques qui de l’arbaleste le danger ne voit,
Emplye le rossignol de la nuit l’espesseur,
Oncques qui du saumon le fumet n’humant point,
Appelle l’otarie de l’hom’ questant le soin,
Oncques, oncques, oncques…
Voilà, je note que cela porte donc le nombre de billets parlant à un degré ou à un autre du blogging ou des autres blogueurs, à trois et demi sur quatre, un taux de réussite à peu près conforme aux recommandations de mon guide. Je reprends espoir.