Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

14 avril 2007

Coïncidences III

Posté dans : Memento, par Dave A. à 5:08

Coincidence is God’s way of remaining anonymous

Ce petit symbole tatoué discrètement sur un bout de ta peau, je ne l’ai pas oublié.

Sa forme, en tout cas, puisque tu n’as jamais eu le temps de m’expliquer sa signification. Mais j’aurais presque pu le retracer de mémoire.

De passage à Paris l’été suivant, je l’ai reconnu immédiatement quand je suis tombé dessus, au milieu d’une centaine d’autres idéogrammes tout aussi abscons mais moins familiers. C’était dans une minuscule boutique désordonnée près de la rue Mouffetard, pas loin d’un endroit que nous avions bien connu, où s’amoncelaient des marchandises provenant sans doute des quatre coins de l’Asie via le deuxième arrondissement. J’y cherchais une sacoche propre à remplacer la précédente, qui n’avait pas survécu à mes derniers voyages. Celle que j’achetai ce jour-là était brodé de ce même petit signe asiatique qui semblait tant te tenir à coeur. Je voulais toujours savoir. C’était facile: la boutiquière, qui parlait à l’évidence mieux cantonais que français, m’aurait certainement renseigné en un battement de cil. Mais je ne lui ai pas demandé, ni à aucune autre personne par la suite. J’avais ce sac et je l’aimais bien: il me rappelait la part de toi dont je voulais me souvenir.

C’est une étudiante chinoise, dans la file d’attente du service des visas de l’ambassade où nous attendions, qui m’a demandé en anglais si je savais ce que voulait dire cette inscription sur mon sac. Elle avait l’air un peu surprise. Je pensais qu’elle voulait simplement engager la conversation, faire passer le temps. Mais elle a hésité, pris soin dans le choix de ses mots, pour tenter de m’expliquer ces douze petits coups de pinceau: leur signification, leur signifiant, leur signifié. Et bien sûr, ce fut lumineux et évident comme il ne pouvait pas en être autrement.

Tu avais raison, Il n’existe probablement pas. Et quand bien même, quelle importance. Ce qui compte, ce n’est ni le départ, ni l’arrivée, mais le chemin qu’on choisit. Ceux que l’on ne choisit pas aussi. C’est l’essence de ce chemin qui fait ce que nous sommes et c’est le choix de ses embranchements qui définit tout ce qui nous entoure, à l’intérieur comme à l’extérieur. rien d’autre.

et ignotas animum dimittit in artes