Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

2 juin 2006

La Caverne

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 1:36

I love deadlines. I like the whooshing sound they make as they fly by.
Douglas Adams

En ce moment, c’est la saison des deadlines à la maison. Et pendant que les lignes n’en finissent pas de mourir, mon appartement achève rapidement sa mutation en Game Boy géante.

Vous connaissez Tétris? C’est mon évier.

Je m’explique :

Le tournant irréversible d’une partie de Tétris, c’est ce moment où vous avez rempli presque tout l’écran et qu’il ne vous reste même plus de quoi manœuvrer suffisamment les nouvelles pièces, signe annonciateur d’une fin proche et inéluctable. Ramené à l’échelle de mon évier : ce serait quand l’espace en dessous du robinet devient trop exigu pour pouvoir laver ce qui en bloque l’accès ou, a fortiori, y glisser la bouilloire du matin. La seule solution consistant alors à démarrer des parties sur toutes les surfaces planes environnantes en espérant que le chat ne se décide pas à jouer à Donkey Kong avec les cristaux Saint-Louis en équilibre instable sur la cuisinière.

Pour le reste : le matin, c’est surtout Zelda. Vous savez ce jeu à la con où vous passez des heures à parcourir un plateau monotone parsemé d’obstacles, à la recherche de cette putain de clepsydre magique (ou de votre carte orange, suivant les cas) qui se cache quelque part sous une pile de bouquins ou dans une carcasse de pantalon mort.

Le monstre du labyrinthe, c’est un estomac sur pattes à poil ras qui semble faire une fixation sur son stock de croquettes du lever au coucher (le sien, pas le mien), ne me rappelant que trop bien que ma dernière boîte de céréales a rendu l’âme il y a trois jours. Une allégresse devant sa gamelle presque irritante dans ces conditions. Je continue à l’engraisser quand même, on sait jamais.

Il faut être honnête : si nous en sommes arrivés là, c’est aussi par des choix peu matures quand à l’utilisation de l’heure quotidienne de loisirs et expression corporelle prévue par le planning. Loin de mettre celle-ci à profit pour tenter un redressement de la situation en regagnant accès à ma cuisine ou en évacuant la table du salon, je n’ai eu de cesse que d’aggraver les choses en dissolvant mes précieuses minutes de temps libre dans des activités futiles et souvent peu propices à l’assainissement de mon espace de vie. J’ai même poussé l’inconvenance jusqu’à recevoir quelques visiteurs, pourtant du sexe réputé faire cas de tels détails ménagers, me reposant secrètement sur l’espoir que la juxtaposition incongrue d’une demi-douzaine de Dom Ruinart vides, un quintal de notes et ouvrages pseudo-scientifiques divers et un chat obèse, suffirait à établir ma caution poético-scientifique et les convaincre le cas échéant de m’aider à retrouver le lit enterré sous les-dits objets.

On néglige beaucoup trop, de nos jours, le pouvoir de conjuration érotique des oeuvres de Wittgenstein.

3 Comments »

  1. Merci encore pour le « petit » cadeau 😉
    A bientôt !

    Comment par Nawal — 10 juin 2006 @ 3:30

  2. Ca me fait penser à chez moi à l’époque où j’habitais seule, juste en vachement mieux raconté.
    J’aime beaucoup ce blog (oui, c’est d’une platitude navrante. Mais c’est vrai)

    Comment par Lise — 19 août 2006 @ 1:08

  3. Lise

    Désolé pour le comportement un peu abusif de mon filtre anti-spam (il semble faire montre de préjugés un peu hâtifs envers 20six.com) et le retard subséquent dans l’affichage de votre commentaire.

    Et merci pour la platitude navrante qui fait toujours platement plaisir à l’auteur du présent blog.

    Comment par dr Dave — 23 août 2006 @ 7:41

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et ignotas animum dimittit in artes