Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…
24 juin 2007
Alors : la bonne (?) nouvelle, c’est que je suis arrivé à ma destination finale et ai, de ce fait, regagné plein accès aux merveilleuses technologies de l’interweb. La mauvaise, c’est qu’étant extrêmement radin parcimonieux de nature, j’en ai profité pour remballer l’autre billet auto-posté dont l’apparition quasi-magique était prévue pour hier matin. Je sais c’est fourbe, mais je le garde bien au chaud dans mon escarcelle pour des temps de disette, on sait jamais.
En contrepartie, je vais tenter de faire un effort cet été pour vous filer du frais au-jour-le-jour, profitant du cadre de vie exotiquement orientalisant qui sera le mien pour les quelques mois à venir. Du quotidien, comme par exemple les étranges événements qui ont précédé à ma présente rentrée casanière matutinale : sobre comme un champ de blé mormon malgré les forts relents de savane matinés d’arôme de tabac froid sauvage émanant de ma chemise et possesseur bien malgré moi d’une petite culotte en dentelle rose bonbon, enfouie – je crois – dans la poche gauche de mon pantalon. Je vous jure, il y a une explication quasiment décente à tout cela. On verra si elle mérite d’y consacrer un billet. Probablement pas.
Pour commencer, quelques notes de voyage des dix derniers jours devraient arriver prochainement. En tout cas dés que j’ai trouvé une sortie USB sur mon satané Moleskine.
Sur ce, bonne nuit tout le monde.
18 juin 2007
Le Réveil
Trois claquements de main.
Pesants, lents, prégnants.
Blanche. Demi-pause. Blanche. Demi-pause. Blanche.
Trois coups du brigadier, puis, quelques secondes plus tard, en guise de lever de rideau : la lumière crue qui inonde le dortoir.
Stimulus-réponse pour rats de dortoir pavloviens. Tous les matins sans exception. Aujourd’hui encore, il me suffit d’entendre, ou de croire entendre, ces trois claquements de main pour me redresser d’un bond dans mon lit en cherchant des yeux ma trousse de toilette et ma serviette.
Celle qui claque des mains, c’est Mme Whitman. Un traitement de faveur réservé aux « petits ». L’année prochaine, chez les grands, c’est au mieux un aboiement peu amène du pion qui précédera l’allumage général au dessus des lits. C’est elle aussi dont les talons résonnant lourdement sur le parquet annoncent aux plus somnolents qu’un appel de leur nom est imminent, suivi d’une invitation sèche à s’extraire séance tenante du confort de la couverture où ils se sont réfugiés dans le vain espoir d’y prolonger leur nuit de quelques minutes. C’est elle qui contrôle que la routine matinale se déroule sans accroc, que pas une étape n’est grillée par quiconque, pas un coin de lit non bordé, une dent non brossée, un cheveu non coiffé, un ongle non récuré, une chemise non rentrée… En temps limité bien sûr, puisqu’à sept heures sans faute, c’est le signal du départ vers le réfectoire, en file et au pas cadencé.
Comme la plupart, j’ai vite évalué les deux scénarios possibles pour la routine du matin.
D’un coté, les plus rapides sont au pied de leur lit avant même le troisième coup, leurs vêtements, préparés avec minutie la veille, sont enfilés et noués en un quart de seconde, premiers au lavabo, premiers sortis, premiers en ligne pour descendre au réfectoire, premiers servis, premiers sortis, heureux possesseurs d’une demi-heure de quiétude non-supervisée arrachée aux rigueurs de l’emploi du temps.
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13 juin 2007
Dave est en pleine quête spirituelle, à la recherche de son animal totem quelque part au milieu de la jungle thaïlandaise (ça… ou bien il a finalement décidé d’émuler son idole André Malraux, en allant piller des temples khmers pour les revendre en pièces détachées aux puces de St-Ouen).
En attendant, il m’a dit de vous dire qu’il avait posé des billets à retardement (comme celui-ci) un peu partout, donc faites attention où vous mettez les pieds et faîtes marcher vos enfants devant vous (vieux truc de démineur).
Pour la permanence, allez donc voir au Balto, c’est Briscard qui régale. Tant que vous y êtes, allez aussi faire un tour chez Douda, histoire de la motiver (si elle s’y remet pour de bon, je poste une photo de Dave à poil).
6 juin 2007
Rien de nouveau à offrir, sinon ce texte qui traîne dans mes brouillons depuis mon retour. Je n’avais pas vraiment l’intention de publier ça, mais après tout à quoi bon écrire, si ce n’est pour être lu.
À peine rentré, j’ai posé mon sac et suis resorti sans même enlever ma veste. J’avais besoin d’un verre. Le Balto avait fermé pour le week-end, heureusement Zach était ouvert et tenait lui même le bar. En bas, ça semblait de bonne humeur et ça jouait une espèce de ska jazzy façon titi parisien, en haut, c’était plutôt calme, voire morne : juste Zach derrière le bar, Kat sur le bar, à moitié endormie, et Django qui berçait l’ensemble avec quelques accords de guitare mélancolique. Je me suis posé, j’ai commandé un Jack Da’, me suis ravisé pour un Chivas, en me disant que le prix du verre contribuerait à m’éviter la tentation de me mettre minable. Tentation trop souvent suivie de celle de faire des appels que l’on regrette forcément le matin suivant.
On a un peu causé du temps, de la vie, des magasins punks de Soho et comparé le prix du tikka massala entre métropoles. Zach a bien vu que j’étais pas trop dans le bonheur rayonnant, mais est prudemment resté hors du sujet. A peine six jours plus tôt, assis au même endroit avec elle. Il est des histoires qui sont suffisamment universelles pour pouvoir se permettre quelques ellipses.
La conversation progressait par bribes laconiques, minimaliste sans être totalement laborieuse. Personne ne semblait d’humeur à secouer la torpeur sonore et tout le monde s’en satisfaisait comme ça.
A moitié appuyé au bar, j’ai regardé mon fond de verre, trouvé que la scène ressemblait beaucoup trop à un mauvais cliché cinématographique des années 30 et je suis sorti un peu précipitamment en saluant Zach et Kat.
Dehors, c’était une nuit tiède de mois de mai globalement réchauffé. Un temps à aller regarder la Seine, donc. Avec un peu de chance : quelque candidat à la mort par ingestion de vase toxique pour rappeler qu’il y a toujours plus désespéré que soi…
En glissant machinalement la main dans une poche, j’en ai sorti une cigarette inattendue, un truc conique qui avait traversé la Manche et les derniers jours, enveloppé dans quelques couches de mélancolie cotonneuse. Je l’ai allumé en passant sous l’arche de l’Institut.
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