Ça vous en bouche un coin, hein?
Non seulement cette page n’a toujours pas été remplacée par un mur de publicité pour durcisseurs génitaux médicamenteux, mais un humain y écrit encore des trucs façons blog, à l’ancienne, comme en 2004.
Oui, j’ai un peu raté mon coup sur le retour après pile-un-an-jour-pour-jour, mais on va pas chipoter non plus.
Dans la plus pure tradition carnetière, je m’abstiendrai d’étayer mes velléités de retour par un billet de la moindre consistance. À la place, on va parler méta, comme disent les jeunes, qui font plus dans l’interweb que dans la philosophie aristotélicienne.
Nommément: l’éternelle (et profondément inintéressante) question du pourquoi.
Car depuis le temps, même le moins attentif des lecteurs (parmi les trois restant qui n’ont pas toujours pas nettoyé leur aggrégateur) aura remarqué l’absence presque surprenante de compte-rendu de soirée-blogueurs sponsorisée par Paic Citron ou de banc d’essai de la dernière crème de jour Palmolive, miraculeusement trouvée dans ma boîte-aux-lettres ce matin. Sans ces essentiels moteurs du génie littéraire, un esprit sensé serait en droit de se demander la raison d’un tel acharnement dans la production de Contenu Sous-Monétisé.
Pour être lu?
Évidemment, il serait hypocrite de prétendre fuir le lecteur à tout prix. Mais la suspicieuse absence de Touïtes, Laïkes et autre Tumbleries dans les marges de ce carnet, ainsi qu’un attachement suranné, presque morbide, à la syntaxe française et à l’usage de mots polysyllabiques dans mes billets, devraient aisément attester de mon manque d’ambition en la matière: quitte à montrer mes fesses pour faire de l’audience, je préférerais que ce soit à un tarif horaire conforme aux revendication du syndicat du film pour adultes.
Si j’écris, c’est surtout pour moi même, et un peu à cause des autres. Au fond, mes raisons n’ont pas trop changé.
En revanche, si je n’écris pas, c’est un peu à cause de moi — de ma paresse et de ma vie qui me laissent trop facilement oublier à quel point j’en ai besoin —, mais surtout à cause des autres…
Fut un temps où le moindre paragraphe d’Henry Miller ou Nicolas Bouvier me faisait lâcher mon livre pour attraper une feuille et un stylo dans un élan d’enthousiasme aussi ridicule qu’incontrôlé. Ces jours-ci, c’est l’inverse: je tombe sur des notes de voyages de certains blogueurs, et je suis pris d’envie d’incinérer mon serveur à la pensée que mes billets puissent un jour ressembler à ceux de ces routards guidés de l’orientalisme bobo. Bien sûr, comme toute lubie superficielle du parisien moderne, ces parenthèses ethnographiques de comptoir se referment aussi rapidement qu’elles se sont ouvertes, histoire de laisser la place à de bien plus importantes digressions sur les mérites comparés des bières pressions entre bars du XIè et leur débile favori dans la Ferme des Anges de la Secret Story…
Sauf qu’il est trop tard: la graine est semée, et je ne peux m’empêcher de me demander si compte tenu de leur arrogante stupidité dans des domaines qui me sont familiers, ces Levy-Strauss de l’internet en solde devraient pouvoir parler de quoi que ce soit hormis leurs aléas gastriques du jour.
Et forcément, je me pose la même question sur ma légitimité et mes compétences à décrire mes expériences. C’est paradoxal, voire ironique, compte tenu du généreux mépris que je dispense sans compter à la vaste majorité des blogueurs qui s’entêtent dans leur écriture en ligne auto-marketeuse, faute d’avoir décroché un poste de blogueur sponsorisé à Libération.fr. Mais pour paraphraser Russell, le drame en ce monde est que les imbéciles sont toujours beaucoup plus sûr d’eux que les gens qui pensent.
Voilà où j’en suis, donc. Je doute que ça change grand chose, mais ne vous étonnez pas si je commence à poster des comptes-rendu de mes séries favorites, entre deux likes de collections de gifs animés rétro-hipsterisantes.
Ça ou plus de cul, je sais pas.
Je vote pour plus de cul. 😀
(Ouai je suis toujours là moi aussi !!!!)
Commentaire by Matoo — 26 juillet 2012 @ 9:07
Qui es-tu ?
Commentaire by Victoire — 22 août 2016 @ 1:56
Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé… ça ou une expérience en écriture automatique par Intelligence Artificielle que les techniciens du labo ont oublié de débrancher en partant.
Et toi, qui es-tu?
Commentaire by Dave A. — 24 août 2016 @ 3:57