Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…
18 mai 2011
J’était sur le point d’écrire, en français: « payer attention », lorsque j’ai réalisé de justesse qu’un dangereux fumet de gigot mentholé émanait de cette tournure. Ça m’a pris quelques secondes pour retrouver l’équivalent en bon français: « prêter attention »…
Il est amusant de constater que l’enfant d’Albion monnaye le service de son assiduité, lors que son homologue français fait uniquement dans le prêt.
9 novembre 2010
Tiens, comme s’il fallait me rappeler à nouveau que je vieillis, mon écrivain favori vient de gagner la tombola annuelle de Drouant.
En plus d’être un sous-fonctionnaire de la médiocrité littéraire, son enthousiasme pour le léchage de derrières germano-pratins est maintenant gravé dans les annales.
Bien fait pour lui.
13 juin 2008
Quam juvat immites ventos audire cubantem
Et dominam tenero continuisse sinu
Tibullus
13 juin 2007
Dave est en pleine quête spirituelle, à la recherche de son animal totem quelque part au milieu de la jungle thaïlandaise (ça… ou bien il a finalement décidé d’émuler son idole André Malraux, en allant piller des temples khmers pour les revendre en pièces détachées aux puces de St-Ouen).
En attendant, il m’a dit de vous dire qu’il avait posé des billets à retardement (comme celui-ci) un peu partout, donc faites attention où vous mettez les pieds et faîtes marcher vos enfants devant vous (vieux truc de démineur).
Pour la permanence, allez donc voir au Balto, c’est Briscard qui régale. Tant que vous y êtes, allez aussi faire un tour chez Douda, histoire de la motiver (si elle s’y remet pour de bon, je poste une photo de Dave à poil).
8 février 2007
Nous pressions le pas pour rentrer. Mais l’orage gagnait sur nous; il semblait nous poursuivre; nous nous sentions visés, oui, menacés directement. Alors, selon notre coutume, repassant ensemble notre conduite, l’un l’autre nous nous interrogions, tâchant de reconnaître à qui le terrifiant Zeus en avait. Puis, comme nous ne parvenions pas à nous découvrir de gros péchés récents, Suzanne s’écriait :
– C’est pour les bonnes!
Aussitôt, nous piquions de l’avant, au galop, abandonnant ces pécheresses au feu du ciel.
André Gide, Si le grain ne meurt
Supporting her weight with my left arm, I used my right hand to caress her soft straight hair. And I waited. In that position, I waited for Naoko to stop crying. And I went on waiting. But Naoko’s crying never stopped.
I slept with Naoko that night. Was it the right thing to do? That I cannot tell. Even now, almost twenty years later, I can’t be sure. I guess I’ll never know. But at the time, it was all I could do.
[…]
Her arms tightened around me at the end, when at last she broke her silence. Her cry was the saddest sound of orgasm I had ever heard.
Haruki Murakami, Norwegian Woods (ノルウェイの森)
(more…)
13 septembre 2006
Étape 1 : Désigner du doigt les « cravates au chocolat » tout en demandant distraitement à la jeune boulangère du coin de la rue une « cravate de notaire, s’il vous plaît ». Répéter une seconde fois devant son air ahuri en pensant qu’elle n’a pas bien entendu la première.
Étape 2 : Arriver en réunion du matin. Faire tomber aux pieds du grand chef la bouteille d’ouzo que je n’ai pas songé à sortir de ma sacoche la veille en rentrant de chez Pierre.
Étape 3 : Me confondre en excuses tout en tentant d’expliquer à Ludivine, dont je viens de démonter l’épaule et rater le visage de quelques orteils, que ce n’est généralement pas une bonne idée de tester mes réflexes en me sautant dessus par derrière au milieu du carrefour de l’Odéon quand je suis un peu stressé.
Là, je crois que je vais me coucher quelques jours et attendre que ça passe.
1 septembre 2006
Les cours intérieures parisiennes, les soirs d’été à l’heure du diner…
La mousson Tokyoïte, conversant avec les chats du quartier sur le rebord de ma véranda…
Les arômes de cinq-épices et de nuoc mam qui hantent tous les marchés du sud-est asiatique…
Le parfum scintillant de K. sur son dos nu dansant sous les arbres…
La mousse-à-raser mentholée au milieu du désert…
L’encens qui brûle et les battements sourds d’une musique qui fait irrésistiblement bouger l’âme et le corps…
Les arbustes aux fleurs roses bordant l’allée des voisins à Palo Alto…
L’air alourdi d’ozone avant un orage de montagne…
Le sillage maternel embaumant d’une brise de Balmain assortie au vert de son qipao, un soir de réception…
Le tamarinier du jardin dans le soleil couchant des tropiques…
Les prémisses de la narco-dépendance aux effluves de marqueur magique…
La petite boîte-à-bijoux en bois de camphre, terrain de nombreuses chasses au trésor clandestines…
Le papier jauni et poussiéreux d’un vieux bouquin déniché au grenier ou dans un recoin oublié de la bibliothèque, lu un après-midi d’été…
Et vous, de quoi se souviennent vos narines?
25 août 2006
La semaine dernière, autour d’une bouteille de Château Montrose 1979, entre deux réévaluations à la hausse de nos convictions déistes à mesure que la dégustation avançait, Pierre s’était enquis de mes projets de célébration happybirthdesque, s’excusant de ne pouvoir en être, pour cause d’îles grecques, sable grec et bergères grecques.
Je lui avais répondu que je ne me sentais guère l’envie d’organiser quoi que ce soit cette année et nous étions tombé d’accord sur la chance insoupçonnée de ceux dont la naissance tombe un jour de fête nationale, locale ou communautaire : libre alors à eux, selon l’humeur de l’année, de convier 3000 semi-inconnus à partager une coupe de champagne, ou se contenter de réjouissances déjà organisées et s’épargner l’effort et l’attention sans passer pour des pisse-froid absolus.
Malheureusement, ni Noël, ni Hanukah, ni le Ramadan, ni même la Saint Ron Hubbard, ne tombent à la fin du mois d’août cette année…
Il ne me reste donc plus qu’à innover.
Que je remette la main sur ma hache et ma masse d’armes d’ici samedi et croyez-moi, on ne sera pas près d’oublier le 434è anniversaire de la Saint-Barthélemy sur les bords de Seine.
Cette fois-ci, pas de sectarisme religieux, je fais dans le massacre de cons oecuménique.
…
Ça ou un verre de champagne avec quelques amis…
4 novembre 2005
La dernière pensée d’Arthur au moment de mourir fut consacrée au visage d’Odile. Dans le noir brouillard qui tombait sur lui il aperçut cet oiseau fabuleux dont on parle dans les légendes indiennes et qui parait-il vient au monde sans pattes de sorte qu’il ne se pose jamais. Il dort dans les grands vents, plus haut que l’œil peut voir et on ne le voit jamais, vraiment jamais, sauf quand il meurt et il a des ailes transparentes plus longues que celle d’un aigle et quand elles sont refermées l’oiseau tiendrait dans le creux d’une main.
Vous rendez vous compte que…
… le type qui a écrit ça: c’est le même que celui qui a passé ses vingt dernières années à emmerder les carpes du lac Léman avec d’interminables ruminations sur la difficulté de devenir un vieux con, agrémentées de suffisamment de poncifs nombrilistes sénilisants pour remplir une demi-douzaine de hors-séries des Cahiers…
Tout le monde n’a pas la chance de compter Mark David Chapman parmi ses fans.