Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

11 mars 2006

Coïncidences I

Posté dans : Memento, par Dave A. à 3:08

On était un peu des jumeaux qui n’auraient pas grandi ensemble. Munis de notre propre langage: une bouillie linguistique agrégée de nos langues respectives, remplie de références obscures et mal maîtrisées et surtout pleine de la maturité précoce, un rien mélancolique, des enfants qui ne le sont pas restés longtemps.

Nos histoires se ressemblaient sans avoir le moindre point commun, nous glissions dans le même courant d’eau, passant par les mêmes points à quelque temps d’écart. À Paris, bien sûr, où nous étions deux pions fraîchement posés sur l’échiquier, sur le point d’entamer la même partie. Puis Barcelone, Londres, la Californie…

Tu aurais aimé le Japon, je pense.

Quand tu avais décidé que les filles te plaisaient plus que les garçons, on en avait discuté comme s’il ne s’agissait guère que d’un arrangement d’emploi du temps: je t’accompagnerai dans ta découverte des bars lesbiens, tu viendrais voir avec moi à quoi ressemblaient les soirées hétéros. Mais à vrai dire, nous ne fîmes que bien peu d’incursions dans les beuveries quasi-adolescentes de nos camarades de classe: c’était bien plus intéressant de suivre les goudous du Marais, dont la fibre maternelle pas tout à fait désintéressée nous ouvrait des portes à peine soupçonnées à l’époque.

Ce matin là, rentrant d’une nuit de boulot et de club, quand je me suis arrêté au milieu de West Central et t’ai annoncé qu’il fallait que je change d’air, que j’allais rentrer prendre une douche et repartir directement à Heathrow, tu ne m’as même pas demandé pourquoi j’avais si subitement besoin de survoler l’Atlantique, un jeudi à six heures du matin, tu m’as juste souri en me disant à bientôt.

Tu m’avais montré ce petit tatouage, au creux de ton dos, dont tu n’as jamais voulu me dire ce qu’il signifiait. « Un jour », tu avais dis en prenant un air presque sérieux. J’en savais à peine assez pour reconnaître un idéogramme chinois ou japonais. Je te connaissais trop pour penser un instant qu’il ne puisse y avoir un sens précis à ton choix. Et moi, pourtant le plus insatiable curieux, je n’avais même pas songé à insister. J’attendais sans y penser, la conversation que nous aurions, quand l’occasion se présenterait.

Elle ne s’est jamais présentée.

3 Comments »

  1. […] Il y a sept ans, Stella est morte. […]

    Ping par L’Automne à Paris » Coïncidences II — 1 avril 2007 @ 5:38

  2. Quand tu reviens, discret et silencieux, putain, qu’est-ce que ça fait comme boucan…

    Comment par Briscard — 10 avril 2007 @ 11:46

  3. […] Ce petit symbole tatoué discrètement sur un bout de ta peau, je ne l’ai pas oublié. […]

    Ping par L’Automne à Paris » Coïncidences III — 14 avril 2007 @ 5:09

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et ignotas animum dimittit in artes