Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

9 janvier 2008

Prisons Tchèques Pt. 2

Posté dans : le Reste, par Dave A. à 8:08

Bon, reprenons.

La dernière fois, nous apprenions, à la grande surprise du jeune Dave, que non, la musique n’adoucit pas toutes les moeurs, surtout à partir de 130 bpm.

Cette fois-ci, notre héros, légèrement moins boutonneux mais non moins jeune, apprend à ses dépends que le hasard à parfois des hoquets un peu chiants.

La suite de l’histoire se déroule pas mal d’années plus tard : beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts de la Vltava depuis ce précédent épisode qui demeurait enfoui dans les souvenirs lointains et embrumés d’une jeunesse quelque peu chaotique et embrumée elle aussi. Suivant un plan de carrière solidement établi sur un coin de table de bar à 5 heures du matin, j’étais parti tenter gloire et fortune sur un autre continent où je commençais à avoir mes habitudes, ce qui n’empêchait pas d’occasionnels pèlerinages dans mes capitales européennes favorites. C’est à l’occasion d’un de ces passages que je renouais un soir avec la faction non-armée du front trotskiste de libération des sofas parisiens, branche canabique, en la personne de Nico.

Ah, Nico.

J’avais rencontré Nico à l’époque où nous usions tout deux nos fonds de matière grise sur les bancs d’une vénérable institution spécialisée dans le lavage de cerveau à but éducatif. De tous nos camarades de cet époque, Nico et moi étions parmi les deux seuls à ne pas avoir cherché ni obtenu le droit de défiler sur les Champs Élysées, cornes au front, plume aux fesses, entre deux chars Leclerc. Lui, par vocation, moi par absence totale d’icelle ; la sienne étant d’aller enseigner la réduction d’endomorphisme et la contestation sociale aux pupilles amorphes de la nation, du haut des estrades de la République. Fort heureusement, ni ses responsabilités nouvelles, ni l’attente du Grand Soir sans cesse différé, ne l’avaient détourné de ses passions horticoles premières. Passions dont les fruits, il faut bien l’avouer, contribuaient nettement à l’appréciation des débats philosophico-politiques prenant place avec régularité sur la moquette de son studio, cinq soirs par semaine, hors congés et veilles d’exams. Qu’on ne se trompe pas : malgré sa doctrine de guévariste larzacien et une utilisation un rien trop parcimonieuse des resources en eau de sa salle-de-bain, Nico était un mec bien, que je respectais énormément pour s’être tenu à des convictions qu’il aurait pu facilement brader au moment opportun.

De passage chez Nico, autour d’un calumet de la paix, je m’attachai ce soir-là à ne pas ouvrir de polémique par un questionnement trop aigu de certaines notions économiques avancées par quelque convive en poncho, quand le sujet se porta sur l’organisation du lendemain. Ce weekend là, se déroulait dans quelque contrée éloignée une sorte de messe satanique à l’échelle planétaire où des suppôts du capitalisme de tous pays se réunissaient en vue d’échanger leurs meilleurs recettes de tournedos de chaton braisé avant de renégocier les termes de leur partage du monde. Une occasion rêvée pour la cellule parisienne du Front d’aller serrer les coudes avec ses homologues étrangers tout en formulant vocalement et kinético-minéralement leur désaccord sur la tenue de ce sommet. Comme il restait un demi-siège de R5 et un quart de réservoir à pourvoir, je résolus de me joindre au groupe. Il était bien entendu qu’une fois arrivé, je leur laisserais le soin de remplir le quota de participation à la vie associative locale, tandis que je mettrais à profit ces heures pour aller dire bonjour à Amelia.

Rien ne pouvait échouer avec un plan aussi simple.

6 Comments »

  1. Non seulement tu publies avec la chicheté de l’écoulement séminal du bedeau vieillissant, mais en plus tu nous colles un suspense aussi haletant que l’enfant de choeur découvrant que la rosière du canton ne porte pas de culotte.
    Pardonne la hardiesse de ces images, mais franchement, tu attiges, là, tu attiges…
    Sinon « kinético-minéralement », c’est ®?

    Commentaire by Briscard — 9 janvier 2008 @ 12:11

  2. Pas mieux que Briscard, je vais de ce pas braquer Me LINUX si le maître de céans persiste dans ses errements!
    Mais bon, de quoi se plaint-on, nous avons malgré tout quelque chose à nous mettre sous la dent, même si il s’agit plus d’une mise en bouche que d’un véritable plat de résistance.
    Espérant lire la suite rapidement,
    FéliX

    Commentaire by felixnemrod — 9 janvier 2008 @ 6:20

  3. Briscard
    Pardonne mon huissier, il a la miction saccadée… Probablement l’âge et sa prostate vieillissante.
    Mais pendant ce temps là, je vaque en paix et tout le monde est [à peu près] content, donc…
    Pour « kinético-minéralement », c’est (cc) Noncommercial-Share-Alike.

    felixnemrod
    Maître Linux Server en a vu d’autres et ne parle pas, même sous les tortures les plus indicibles.

    Commentaire by Dave A. — 14 janvier 2008 @ 2:13

  4. Dave is alive and well and living… somewhere! Hourra et alléluia, jouez hautbois, résonnez musettes! Dave répond en vrai et en direct aux commentaires! (pour la bronchite, l’eau, on peut s’en passer?…)

    Commentaire by Briscard — 14 janvier 2008 @ 2:33

  5. Dave, Douda est revenue en douce…

    Commentaire by Briscard — 24 janvier 2008 @ 4:57

  6. […] Arrivé à Prague dans la matinée, j’avais déposé mon sobre baluchon dans la tente de mes camarades, que j’avais laissés à leur atelier “artisanat banderoles et masques anti-fumigènes”, pour aller retrouver Amelia dans un café du centre de la vieille ville. […]

    Ping by L’Automne à Paris » Prisons Tchèques Pt. 3 — 4 juin 2008 @ 8:52

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et ignotas animum dimittit in artes