Nous pressions le pas pour rentrer. Mais l’orage gagnait sur nous; il semblait nous poursuivre; nous nous sentions visés, oui, menacés directement. Alors, selon notre coutume, repassant ensemble notre conduite, l’un l’autre nous nous interrogions, tâchant de reconnaître à qui le terrifiant Zeus en avait. Puis, comme nous ne parvenions pas à nous découvrir de gros péchés récents, Suzanne s’écriait :
– C’est pour les bonnes!
Aussitôt, nous piquions de l’avant, au galop, abandonnant ces pécheresses au feu du ciel.
André Gide, Si le grain ne meurt
Supporting her weight with my left arm, I used my right hand to caress her soft straight hair. And I waited. In that position, I waited for Naoko to stop crying. And I went on waiting. But Naoko’s crying never stopped.
I slept with Naoko that night. Was it the right thing to do? That I cannot tell. Even now, almost twenty years later, I can’t be sure. I guess I’ll never know. But at the time, it was all I could do.
[…]
Her arms tightened around me at the end, when at last she broke her silence. Her cry was the saddest sound of orgasm I had ever heard.
Haruki Murakami, Norwegian Woods (ノルウェイの森)
La génération de la motivation revient à augmenter très sensiblement dans le mésencéphale la production et la circulation d’un neurotransmetteur particulier : la dopamine (augmentation des décharges neuronales). La dopamine induit une appétence forte, augmentant très sensiblement la formation d’un circuit inhibant la douleur, la retenue, et générant un état global de tendance vers un but.
[…]
L’état de plaisir (représenté par la génération de substances morphiniques dans l’hypophyse) sera représenté par la recherche de conformations régulières, à partir des agents de satisfaction prenant le pouvoir, pour toutes les autres organisations d’agents. Le plaisir est un ordre dans le fonctionnement des organisations d’agents.
A. Cardon, Système générateur d’émotions
Last night it was hot and I was leaning on the sill of the open window in the living room. Then my imagination got the better of me. A single idea had taken possession of my dreams, a thing I had never, never thought of, an emptieness that I had never felt. I was alone and something was missing. It wasn’t the love of my mother, my brothers or the rest of my family; I knew that I wanted someone very strong, very powerful, very handsome who would love me and whom I could love with all my heart. It is an image or an idol that my dreams have created and that I am searching for in mortal form. Does he exist?
And there, under the starry sky, the smiling moon, face to face with a horizon that doesn’t go further than the end of the street, with my head in my hands, I sent a very sad prayer into infinite space: Love me, someone!
Anaïs Nin, Early Diary
[…] En ce moment, qu’il s’agisse de mes lectures, des aléas du calendrier ou des habitudes romanticopulatoires frénétiques des habitants de cette foutue ville, mais tout conjure à me faire resentir un besoin de présence à mes cotés. Et pourtant, je sais pas. Non, bien sûr, je sais : ça a de nombreux avantages, surtout à cette saison où les nuits sont encore fraîches et le chauffage de plus en plus coûteux. C’est juste sur les modalités et la nature exacte de la présence que j’arrive foutrement pas à savoir. D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi j’ai besoin de savoir, subitement. D’habitude, cela ne m’a jamais géné de ne pas me poser de question. […]
Ping par L’Automne à Paris » Solipsitude — 21 février 2007 @ 4:15