Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

27 octobre 2005

Nos Gentils Voisins

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 7:14

Bonne nouvelle: non seulement la cellule de dégrisement de mon commissariat local est équipée du dernier cri en matière de technologies informatiques, mais en plus, la geôlière dort à poings fermés…

Reprenons donc…

Avant même que nous n’emménagions, Alexandra et moi, Ricardo avait tenu à être franc sur un sujet: quatre à cinq fois par an, il lui incombait d’organiser l’accueil d’un cercle élargi de ses relations pour une soirée à caractère thématique. Le thème en question reposant essentiellement sur l’application mutuelle de châtiments corporels à vocation érotique. Une sorte de club de lecture spécialisé dans certaines oeuvres fin du XVIIIè avec un intérêt particulier pour la mise en pratique.

Une soirée S&M, et pas n’importe laquelle, puisque, l’événement étant relativement coté parmi quelques personnalités publiques de la région, le port du loup vénitien y était tout à fait commun, à des fins confidentielles, sinon ludiques.

A ce stade du récit, et compte tenu des mentions de fouet, notables locaux et port du masque, il sera pardonné au moins Kubrickien des lecteurs d’avoir à l’esprit des visions de messes démoniaques baignées de vapeurs surréalistes qui se dissiperaient par endroit pour révéler tour à tour les insoutenables silhouettes d’adolescents pré-pubères, ex-mannequins héroïnomanes, innocents hamsters et autres ratons laveurs, tous à la merci des perversions lubriques d’une poignée de néo-patriciens sanguinaires…

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26 octobre 2005

Pendant ce temps-là, en Galilée…

Posté dans : Diptérosodomie, par Dave A. à 4:07

Alors même que j’aborde la rédaction du présent billet, trois options s’offrent à moi – que dis-je: se jettent à mes pieds dans un assaut frénétique de désir inassouvi. Et je ne suis pas homme à refuser une offre équivoque, sauf peut-être à trois heures du matin, aux abords de la rue Saint Denis.

Je pourrais d’une part verser dans la fatuité solipsiste du quidam blogueur qui passe au moins un billet sur cinq à se lamenter du manque de temps/inspiration/névrose/talent nécessaires à l’entretien régulier de son irremplaçable production litéraire, et assure un public largement imaginaire que la vocation ne l’a pas encore quitté et que, oui, malgré de nombreuses pressions politiques, il continuera sans mollir à poster de cinglants articles de fond sur les variations hygrométriques de son quartier.

Je pourrais aussi distraire votre attention par la narration des cocasses tentatives d’écriture qui ont précédé la présente échappée. Et il y en eût. A intervalles régulier. Au moins une fois par semaine: la mauvaise conscience faisant un croche-patte au bon sens, au retour de ces trop rares soirées effectivement suivies d’un retour domestique, je me dirigeai d’un pas décidé vers mon clavier. Reptation décidée, serait le terme exact. Une bonne volonté hélas immanquablement noyée dans la contemplation béate des reflets nacrés de mon outil d’écriture.

Note à tout expérimentateur psychédélique à vocation litéraire: ne pas opter pour le rétro-éclairage électro-luminescent lors du choix de votre clavier. Désactiver l’économiseur d’écran aussi.

Quoi qu’il en soit, l’expérience gagne plus à être vécue qu’à être relatée: nous passerons donc.

Enfin: je pourrais tout simplement faire comme si de rien n’était, vous rappeler si nécessaire vos droits en tant que lecteur, tels que garantis par la Convention Internationale de Genève (approximativement aucun) et passer directement à la suite de mon récit, tenant ainsi pour une fois un engagement au mépris de tous mes principes.

16 octobre 2005

Errare humanum est, recta scribendi ratio autem computatorius

Posté dans : Plomberie Littéraire, par Dave A. à 9:04
[audio:Ta_lettre.mp3]

Mon bien-aimé lectorat me faisait récemment remarquer un certain relâchement orthographique dans mon dernier billet, charitablement attribué à un éventuelle état diminué par la consommation d’alcool, voire de ces petites pilules qui font tout chaud ici en bas, et des gros trous là en haut.

Evidemment je pourrais jouer la carte linguistique, et me draper dans mon impécable maîtrise du dialecte en vigueur Outre-Manche, mais pour être honnête, même le plus abruti des fans de football peut écrire un anglais à peu près irréprochable. Alors que dans le cas de la langue française, il est légitime de se demander s’il sied à l’honnête homme de la pratiquer, tant elle regorge de mots à la graphie aussi chafouine qu’irrégulière. Bref, je l’avoue sans honte, l’orthographe française n’est pas la discipline où je brille le plus. Je m’empresse de tempérer cette confession en précisant que, à l’aune du standard post-scolaire moderne, je suis la réincarnation de Georges Perec. Mais sinon, c’est vrai, j’ai toujours eu du mal avec ces satanés doublement de consonnes intempestifs qui défient toute explication philologique sensée. Je voudrais pas polémiquer, mais du coté de Shakespeare, les manuels de conjugaison tiennent en trois pages et on écrit les mots comme ils se prononcent: ça fait gagner pas mal de temps.

Et je ne vous parle même pas des champs de mines plantés dans le seul but de réduire en charpie l’innocent promeneur linguistique à coup de « dictionary/dictionnaire », « address/adresse » et autres « apartment/appartement »… Il faudrait peut-être arrêter un jour de laisser à des émules de Bonaparte et Nelson le soin de figer leur langue respective d’un commun désaccord.

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14 octobre 2005

La Fête à la Maison

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 4:02

Plus ça va, plus ce blog s’écarte énormément des valeurs fondamentales du blogging. A savoir: masser mon ego en racontant ma vie à des inconnu(e)s et en économisant sur mes frais de psychanalyse.

Le problème, c’est que des blogs de thérapie de groupe, j’en ai déjà deux, et j’ai horreur de me répéter, fut-ce dans des langues différentes. Donc pour tout ce qui concerne mes fascinantes aventures au pays des distributeurs automatiques de petites culottes, j’ai peur qu’il ne vous faille aller les lire en version originale pour le moment.

À défaut, j’ai décidé de déterrer quelques souvenirs de ma folle jeunesse sous le doux soleil de Californie (d’autant plus doux qu’il a pas mal de couches de dioxyde de carbone à traverser pour taper sur les trottoirs de Sunset Blvd). Un choix essentiellement motivé par le statut de prescription couvrant la plupart des faits relatés et devant a priori me préserver de tout risque de poursuite au pénal. Pour bien faire et rester chronologique, j’aurais probablement du commencer avec les années Londres, mais là, pour le coup, mon avocat m’assure qu’il vaut mieux encore attendre quelques temps avant de commencer à balancer le nom de tous les show-bizzeux pour lesquelles mes responsabilités de serveur de l’étage V.I.P. relevaient autant sinon plus de la géométrie conique et du maquettisme ferroviaire poudreux que de la concoction de vodka-martinis.

En conséquence, je pense qu’une rapide introduction scénique des principaux protagonistes ne pourra que bénéficier à la clarté des bien pauvres anecdotes qui, n’en doutez pas, deviendront un thème récurrent de ce blog en attendant mieux:

Mise en Situation Temporelle

Située aux jours heureux de l’entre-deux-Bushs, l’époque précise du récit importe peu. Par intérêt historique, on pourra tout de même mentionner que les seules explosions de bulles de silicones à déplorer sont encore limitées aux cliniques privées d’Orange County. Le recrutement pour le poste d’Ennemi Juré des Etats-Unis bat son plein: depuis la décennie précédente et la défection du Rouge Mangeur d’Enfants, la position reste vacante malgré quelques brefs intérims menés de plus ou moins bonne grâce par Saddam Hussein. Les Terroristes n’ont pas encore eu le mauvais goût de venir laver leur linge sale à coup de Boeings 747 sur le sol New Yorkais… Et il est par conséquent encore possible d’atterrir à LAX avec son coupe-ongle ou trois grammes d’échange culturel dans les chaussettes sans finir à Guantanamo. Les vêtements se portent avec des trous si vous habitez Seattle, avec des taches douteuses si vous êtes stagiaire à Washington. L’insouciance règne. La vie est belle en technicolor et en son THX.

Mise en Situation Spatiale

Le fief de West Hollywood ne serait pas sans rappeler à nos lecteurs parisiens une sorte de quartier du Marais, à condition de remplacer les charmantes petites ruelles d’icelui par des autoroutes quatre voies. Sinon, le peuplement de la région s’est fait de manière assez similaire: comptant un fort pourcentage de juifs immigrés d’Europe de l’Est d’un coté, mais aussi en compétition serrée avec San Francisco et Palm Springs pour le titre de plus grand fan-club local de Judy Garland et Liza Minelli. Le candidat idéal à l’implantation sera donc à la fois gay et ashkénaze. Et riche de préférence.

Ce qu’il faut retenir: A West Hollywood, on ne dit pas: « vieille peau cinglée qui garde les dépouilles de tous ses chats dans un congélateur à la cave », on dit: « riche excentrique ».

La Distribution

Mais quels sont les délicieux personnages qui vont agrémenter cette fresque épique de la vie d’un Européen en Californie du Sud?

Tout d’abord il y a bien sûr:

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6 octobre 2005

Pourquoi Houellebecq me les brise

Posté dans : J'exècre, par Dave A. à 4:46

C’est pas pour me vanter, mais je ferais un piètre critique litéraire.

D’abord, parce que je sais lire, et l’on m’a assuré que cela constituait une tare rédhibitoire dans le milieu.

Ensuite, parce que malgré des opinions tranchées à l’égard de l’ensemble de la production artistique de mes contemporains, j’arrive difficilement à en formuler avec exactitude les raisons communicables à un quelconque interlocuteur. Mes goûts et dégoûts sont souvent viscéraux, mais rarement argumentés de manière convaincante. A ma défense, chez la plupart des gens, défendre un livre se fait essentiellement par l’exposition de faits sans rapport ou de syllogismes creux (« elle a couché avec untel », « il parle super bien à la télé », « sa photo sur la quatrième de couv’, elle est à tomber par terre » etc). Plus l’auteur est récent et médiatisé, plus les arguments sont stupides. Rien de plus navrant que les contorsions intellectuelles du branché qui tente de donner une caution artistique à ses lectures grégaires.

De Houellebecq, je n’ai lu que Plateformes et les Particules Elémentaires; l’insipidité de son style et un sentiment indéfinissable d’agacement extrême me firent refermer ce dernier avant la fin du troisième chapitre. Et justement, ce qui est étrange dans la répulsion que m’inspirent l’oeuvre et son auteur, c’est que j’ai toujours eu du mal à en définir les raison précises.

De prime abord, pourtant, nous partagerions bien quelques vues sur la médiocrité du genre humain. Nous semblons détester dans la même direction: Il exsude de Plateformes un certain mépris du petit-bourgeois cadresupérien qui s’en va barouder dans les Club Meds les plus reculés de la planète histoire de tromper l’ennui et si possible sa femme avec de la marchandise locale bon-marché… Un mépris que je ne saurait renier, même s’il me semble y discerner pas mal de complaisance aussi. Du coté des goûts, en revanche, il m’est bien plus difficile de m’identifier aux engouements de cet homme. Ou plutôt, son engouement, puisqu’il n’en existe qu’un: le cul. Or j’ose espérer que même dans mes fantasmes les plus inavouables, on ne trouve guère de cet érotisme Harlequin de supermarché campagnard qui lui tient guise de libido.

Et puis au fil de conversations, je me suis aperçu que toutes les réponses au pourquoi de ma haine se trouvent directement dans les arguments de ses défenseurs.

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et ignotas animum dimittit in artes