Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

25 juillet 2006

Babouineries pt. 2

Posté dans : le Japon, Qui sommes-je, où allons-je?, par Dave A. à 12:00

La dernière fois, j’évoquais les conditions dans lesquelles j’avais assisté à un grand tournoi de lattage de gueule thaïlandais, d’assez près pour recevoir des éclaboussures au coin de l’oeil. J’avais même laissé entendre que quelques détails croustillants, avec bris d’os et de dents filmés en gros plan, pourraient constituer la matière première du présent billet. Il n’en est rien bien sûr, et ce vil stratagème n’avait pour autre but que de maintenir artificiellement éveillé l’intérêt ténu des trois lecteurs égarés sur ce blog (avec l’espoir secret qu’ils n’aient pas retrouvé leur chemin entre temps).

En effet, ce n’est pas vraiment du spectacle que j’avais prévu de parler, mais plutôt des spectateurs. Ou pour être exact, des spectatrices. Et même en cela, ne vous attendez pas à quelque fresque sociale vibrante de réalisme, façon National Geographic : le décor et le contexte importent peu en fin de compte, puisqu’il s’agit de parler de moi, comme d’habitude. Moi et mes épiphanies spirituelles à onze heures du soir, au bord d’un ring ensanglanté de la banlieue de Tokyo, mon cinquième verre d’oolong-cha & shochu on the rocks, délicatement posé sur un petit guéridon dans un coin de notre loge. Mais avant d’en arriver là, et pour des motifs tenant autant du délayage grossier que de l’exigence narrative, laissez-moi relater une seconde anecdote qui n’est pas sans rapport avec celle que je vous narrai naguère. Vous verrez, tout s’éclaire à la fin (en ce qui me concerne, en tout cas) :

Quelques mois et quelques milliers de kilomètres après mon séjour à Bangkok, j’étais à Tokyo et invité à un autre grand tournoi d’art martial.

À ce stade du récit, il pourrait être tentant de suggérer que derrière une indifférence affichée, sommeille en moi une passion dévorante et inavouable pour les spectacles de gladiateurs contemporains. Je vous prie de croire qu’il n’en est rien. Cette fréquentation statistiquement improbable des arènes de combat est seulement un exemple flagrant du sens de l’humour un peu pourri pratiqué par les divinités en vigueur. Je suis convaincu qu’à l’heure où je vous parle, il existe quelque part dans le monde, un fan inconditionnel d’arts martiaux qui ne comprend pas pourquoi tout le monde s’entête à lui offrir des tickets d’opéra gratuits et des invitations à partager une loge à la Scala pour la saison.

Hélas, c’était par un combattant de Pride, pas par un ténor italien, que Pauline se laissait courtiser cet été-là. Compte tenu du prix (gratuit) et du service boisson (compris) des places d’honneur dont son prétendant avait tenu à la couvrir, c’est sans hésiter que nous nous étions rendu en groupe à la finale du Grand Tournoi Annuel de Pride, catégorie mi-lourds.

Pour ceux qui n’ont jamais eu vent de ce sport bâtard, fruit de l’accouplement contre-nature de la culture télévisuelle japonaise et des nécessités alimentaires des sportifs en fin de carrière : le Pride est une forme de combat libre mêlant les techniques et règlements d’une demi-douzaine d’arts martiaux (le muay thai, tout particulièrement).

En théorie.

Dans la pratique, c’est les Jeux du Cirque, sans les tigres et avec des coupures publicitaires toutes les cinq minutes. Pratiquement tous les coups y sont permis (y compris frapper au sol ou mettre en doute la vertue de la mère de son adversaire).

Comme tout Colisée qui se respecte, celui où se déroulait cette rencontre était doté d’une section de choix destinée à recevoir les patriciens de la diète japonaise, compagnes et maîtresses de gladiateurs et autres visiteurs de marque, dans tous le confort qui sied à un spectacle de sauvagerie organisée.

D’où le cinquième verre de shochu, d’où la réminiscence aiguë du précédent épisode thaïlandais, d’où les observations qui devaient, ensemble conjuguées, conduire à une révélation quasi-mystique de portée rarement atteinte par le commun des mortels (enfin, des mortels qui n’ont jamais traîné dans une cours de récréation en maternelle grande section, mais j’ai jamais dit que j’étais un rapide).

Les femmes.

Il était impossible de ne pas remarquer la représentation féminine certes minoritaire mais néanmoins frappante, tout particulièrement dans les emplacements des premiers rangs destinés au public de marque.

Il y avait Pauline, bien sûr, mais Pauline ne comptait pas vraiment : d’abord elle dépassait en tolérance à l’alcool n’importe quel salaryman de Roppongi et usait dans son langage d’expressions à faire rougir un marin breton, ce qui à l’aune du standard local en vigueur depuis l’ère Meiji, la rangeait techniquement du coté du sexe masculin. Par ailleurs, arrivée dix ans auparavant sur un visa d’étudiante en Aïkido, pour ne rien dire des nuits passées à réfréner les ardeurs alcooliques des clients un peu trop éméchés à coup de genoux dans le plexus, c’est avec un regard blasé vers le ring et une diligence nettement plus soutenue vers la carte des vins, qu’elle se fondait sans difficulté dans la masse sociologiquement anodine des spectateurs mâles.

Les statuesques japonaises assises dans les loges attenantes, en revanche, ne décrochaient leur regard des combats qu’à contrecœur, pour remplir la coupe de leur compagnon ou répondre évasivement à des ébauches de conversation polies. Un manque d’entrain ostensible qui, au regard de la tradition japonaise, équivaudrait à peu près pour une occidentale à balancer la bouteille à la figure de son interlocuteur avec un bras d’honneur à la fin. L’attrait quasi-hypnotique exercé sur toutes les femmes présentes était d’ailleurs leur seul point commun. Les âges variaient de la vingtaine à la cinquantaine passée et les tenues oscillaient entre le kimono et la robe du soir avec quelques tailleurs professionnels au milieu. A l’évidence, pas mal de dohan (présence contre-rétribution d’une hôtesse à un dîner ou un rendez-vous social), mais aussi quelques veuves joyeuses : caniche nain sur les genoux et jeune gigolo permanenté façon Dynasty à coté (ou inversement).

C’est à ce moment que me sont revenus des souvenirs de cette soirée à Bangkok et un détail qui m’avait frappé sans que je n’arrive exactement à mettre le doigt dessus à l’époque : aux cotés du public de luxe typique, constitué aux trois-quarts d’hommes d’affaires thaïlandais bedonnants et de quelques expat’ rougeauds, se trouvaient un certain nombre de femmes, souvent d’âge mûr, seules ou accompagnées, toutes identiques dans l’intérêt évident qu’elles portaient au déroulement des combats à l’exclusion de tout le reste. Une sorte de convoitise mêlée d’excitation monomaniaque qui donnait à leurs gestes et regard un aspect un peu inquiétant. J’ai réalisé que c’est cette intensité froide et inexplicablement retrouvée sur le visage de chaque spectatrice aperçue aux premiers rangs qui m’avait mis infiniment plus mal à l’aise que les litres de sang épongées de la figure des boxeurs après chaque combat.

Alors je me suis mis à observer les spectatrices japonaises pour retrouver ces mêmes traits tendus, si saisissants sur le visage toujours impeccablement neutre ou faussement jovial des femmes thaïlandaises, pas moins surprenant au milieu des affectations puériles que prennent habituellement les japonaises du monde…

Bref. Je vais pas vous en faire toute une peinture avec légende et notice explicative. Vous l’aurez compris, le postulat qui s’imposait ce jour-là à ma petite psyché innocente, c’est que les femmes, en dépit de tous les lieux communs qui réservent aux hommes le monopole de la violence enthousiaste, ne dédaignent pas toujours les étalages de force les plus gratuits et les plus crus offerts par la société moderne. En fait, certaines en retirent un plaisir détaché que l’on ne retrouve pas dans les élans de testostérone du sportif de salon moyen, pas même chez les plus assidus fans de sports de combat. Plus que l’excitation de l’affrontement, c’est la fascination et la convoitise sexuelle plus ou moins réprimée par quelques couches de vernis social que l’on lit immanquablement dans le regard de telles femmes. C’est en scrutant les imperceptibles mouvements de lèvres de mes voisines et en me faisant ces réflexions, qu’un souvenir littéraire m’est tombé sur un coin de neurone presque aussi soudainement que le genou qui s’abattit sur la tête du fiancé de Pauline en lui déchiquetant au passage l’arcade sourcilière – pas si soudainement donc, puisque cela faisait déjà plusieurs secondes qu’il encaissait les coups au sol dans l’excitation générale.

Parmi les nombreux réquisitoires enflammés qu’Albert Cohen place dans la bouche de son héros, un en particulier me revint ce soir-là : une de ses diatribes récurrentes à la provocation calculée, plus misanthrope que misogyne, raillant les velléités romantiques de la gent féminine en rappelant qu’au fond, le jeu de la séduction humaine n’est guère différent de celui des autres primates. La fascination du pouvoir de nuisance, le pouvoir de subjugation du babouin sur la babouine par sa violence à l’égard des autres mâles, l’attrait de la santé, de la jeunesse, de la vitalité, de la force physique la plus grossière… Ces « babouineries » dont il fait mine de s’offusquer tout en s’y prêtant lui-même comme tout un chacun…

Croyez moi si vous voulez : à cet instant précis, c’est sans le moindre effort d’imagination que je pouvais voir les canines découvertes des babouines parmi l’assistance, assujetties au charme du babouin victorieux sans même un regard pour le babouin vaincu, sans le moindre intérêt pour les copieux jets de sang accompagnant son retour aux vestiaires.

Enfin, sauf Pauline, bien sûr, qui s’inquiétait de savoir s’il était vraiment indispensable d’interrompre immédiatement sa dégustation de Cabernet pour aller apporter son soutien moral, ou si de toutes manières, il ne valait pas mieux attendre que le médecin ait fini de recoudre les bords.

11 Comments »

  1. Bon,
    je dois être une des trois personnes « égarées » sur ce blog…mais les guillemets employés démontrent que le terme est – me concernant du moins, je ne m’autoriserais pas à parler pour autrui – inapplicable.
    Comme d’habitude, je fais un petit détour par votre site en espérant y voir un nouvel article.
    Comme d’habitude, leur lecture ne m’apporte aucune déception : vos billets se savourent comme un bon vin, les termes précis, l’humour noir et le décalage dans les descriptions m’amusent énormément.
    Comme d’habitude, je clique sur le coin supérieur droit de la fenêtre de mon navigateur en me disant… « vivement le prochain ».
    Je serais presque tenté d’ajouter que, comme d’habitude, je vais devoir me résigner à attendre le retour de votre inspiration pendant quelques temps.
    C’est en effet le seul – petit et très respectueux – reproche qui pourrait vous être adressé.
    Bravo encore et merci,
    FéliX

    Comment par felixnemrod — 1 août 2006 @ 12:25

  2. Désolé, mais je reviens à la charge car un aspect de votre note me titille encore, en lien avec notre précédent échange concernant les « retours de flammes » et votre remarque concernant le principe d’incertitude énoncé par Werner Karl Heisenberg et, selon vous, pleinement applicable à la gent féminine…
    Avez-vous pris en compte ce principe lors de l’écriture de ce billet? Et, si oui, sachant que l’ « on ne peut connaître en même temps plusieurs caractéristiques d’une particule que si l’on accepte une certaine imprécision », quels sont les aspects de la gent féminine que vous avez délibérément accepté d’occulter de la sorte?
    Pardon pour ces taquineries, mais vous m’avez fait découvrir un auteur qui, bien que la lecture en soit pour le moins ardue, me passionne et je n’ai résisté à la tentation.
    Re-merci
    FéliX

    Comment par felixnemrod — 1 août 2006 @ 5:43

  3. Monsieur FéliX,

    Tout d’abord, merci beaucoup de votre chaleureux soutien et de ces compliments immérités pour mes modestes divagations.

    Ensuite, veuillez accepter mes plus plates excuses pour le processus de tamisage forcené de mon lectorat, qu’un jugement hâtif pourrait confondre avec un manque d’assiduité dans les mise-à-jour. J’essaie de m’astreindre à un rythme minimum (au moins hebdomadaire), mais la vie et l’inspiration étant ce qu’elles sont, il nous faut nous adapter. Dans l’optique Darwinienne, je ne peux que recommander l’utilisation de cette magnifique technologie connue sous le nom de fil RSS.

    Enfin, en ce qui concerne cet auteur dont je suppose (avec quelque hésitation) qu’il s’agit bien de monsieur Heisenberg, je ne peux qu’agréer avec votre appréciation de l’oeuvre (passionnante) et de sa difficulté (aride, pour le moins). Bien qu’il faille tenir compte, comme dans de nombreux problèmes physique de l’impossibilité d’étendre crûment les modèles physique du micro au macro, je pense en effet que le principe de ce cher Werner illustre parfaitement la frustrante difficulté d’appréhender la particule libre féminine au delà d’une certaine précision, sans en perturber irrémédiablement le fonctionnement.

    Dans le cas présent, les aspects occultés sont nombreux à n’en pouvoir s’énoncer. Mais je suppose que s’il fallait chercher la zone d’imprécision dans cette approche, elle se situerait au niveau du sentiment exact qui provoque ce regard fixe et semi-langoureux des femmes face à la violence gratuite. Est-ce qu’il s’agit du pur domaine du sexuel, de l’appétit darwinien pour le mâle reproducteur et protecteur, de l’empathie pour le vainqueur, du dédain pour le vaincu à travers le sexe qu’il représente? Je n’en sais à vrai dire pas grand chose…

    Mais pour avoir eu l’occasion de renouveler l’expérience en différents contextes, j’oserais affirmer que c’est dans ces occasions là que les femmes se révèlent à leur plus prévisible. Ce qui n’est guère fait pour faire arranger nos affaires, hélas.

    Comment par dr Dave — 2 août 2006 @ 5:34

  4. Cher Dr Dave,
    En premier lieu, je vous présente mes plus humbres excuses pour avoir de la sorte honteusement médit… j’ouvre ma boîte mail et constate l’existence d’une réponse, visite votre site et constate l’existence d’un nouveau billet. Sauf période d’intense inspiration, dont je ne doute pas que vous nous en livrerez la cause, je dois réviser et partant retirer ma critique précédente.
    Mea culpa

    « Mais pour avoir eu l’occasion de renouveler l’expérience en différents contextes, j’oserais affirmer que c’est dans ces occasions là que les femmes se révèlent à leur plus prévisible. Ce qui n’est guère fait pour faire arranger nos affaires, hélas. »
    Concernant cette remarque, j’oserai affirmer qu’il n’en est pas de même pour tout le monde. Le vainqueur des combats en question doit pour sa part se féliciter de ce trait que vous décrivez si brillament.

    Bien amicalement,
    FéliX,
    qui s’en va impatiemment et de ce pas lire votre nouveau billet.

    Comment par felixnemrod — 3 août 2006 @ 9:37

  5. Concernant cette remarque, j’oserai affirmer qu’il n’en est pas de même pour tout le monde. Le vainqueur des combats en question doit pour sa part se féliciter de ce trait que vous décrivez si brillament.

    Justement, je n’en suis pas sûr. Ou plus exactement, même si ce babouin en particulier y trouve certainement son compte, je ne pense pas que tout le monde puisse se satisfaire de la nécessité à un degré ou à un autre de démontrer son pouvoir de nuisance, plutôt qu’un quelconque autre trait de caractère, afin de séduire une femme.

    Sur ce point là, je pense que la lecture des oeuvres du brillant M. Cohen, qui en fit l’un des thèmes centraux de son oeuvre, ne peut qu’aider à saisir l’étendue du problème. Il est aussi important de comprendre qu’il n’est ici question que de violence « gratuite », ou du moins dénué de tout caractère chevaleresque ou romantique que l’on pourrait rattacher à de tout autres instincts chez un partenaire.

    Pour avoir eu, en de rares occasions, malgré moi et toujours par légitime défense, à violenter des personnes dont l’état d’ébriété n’en faisait guère des adversaires de poids, je peux témoigner que l’impact sur la psyché féminine n’est en rien amoindri par l’inégalité flagrante, tirant sur le ridicule, de telles confrontations.

    Et c’est dans de tels cas que la prévisibilité des réactions féminines est, de mon avis personnel, la plus amère.

    [et oui : même dans mes commentaires, je suis d’un manque de réactivité rédhibitoire… considérons que la même conversation au XVIIIè siècle aurait pris plusieurs mois et estimons nous heureux.]

    Comment par dr Dave — 12 août 2006 @ 1:28

  6. […] Ce soir-là, ou plutôt ce matin-là, on jouait pour l’addition : les deux scores les plus bas s’acquitteraient de l’intégralité des consommations du groupe. Un honneur qui n’était pas loin de m’échoir puisque Masa accaparant la dernière place, je jouais l’avant-dernière au coude à coude avec Sky qui avait pourtant raflé la plupart des questions à caractère sexuel impliquant un nombre impair de partenaires. Les autres nous avaient tous mystérieusement devancés dans les manches récentes, glanant leurs points dans des domaines aussi variés que la consommation de Label Bleu (une bouteille en un soir : Pauline), la fréquentation des ashrams indiens (17 mois : Stacy) ou le nombre de reptiles apprivoisés (un python et deux couleuvres : Sachiko). […]

    Ping par L’Automne à Paris » Les seins de Zoé — 15 août 2006 @ 1:42

  7. « je ne pense pas que tout le monde puisse se satisfaire de la nécessité à un degré ou à un autre de démontrer son pouvoir de nuisance, plutôt qu’un quelconque autre trait de caractère, afin de séduire une femme. »
    Je m’étonne de vous voir regretter cet état de fait, ou plus exactement, de déceler une certaine surprise dans vos propos.
    Vos textes m’avaient en effet donné une image de quelqu’un d’assez cynique, voire décalé. Ne prenez pas ce qui précède pour une insulte ou une maladroite tentative de classification outrageante, mais j’avais le sentiment que vous vous amusiez sans cesse des manifestations quelque peu incongrues de la sélection naturelle…
    Pour en revenir à l’oeuvre de M.Cohen, j’y ai également décelé la possibilité d’affirmer ce pouvoir de nuisance sur le plan moral ou psychologique.
    Or, n’est-ce pas la manifestation éclatante du fait que la société n’a fait que légèrement gommer les traits primordiaux de notre caractère, ceux qui ont permis à nos ancêtres de prospérer en écrasant la gu… de leur voisin pour être – notamment – les premiers à séduire une femme et, en conséquence, avoir la possibilité de se reproduire?
    Bien évidemment, tout le monde n’a pas l’occasion ou la possibilité de s’en satisfaire, mais il est cependant sur ce point établi que la vie en société nous protège des manifestations les plus physiquement brutales de ce constat.
    Reprenez vous! Pour une fois que votre brillante analyse nous a à tous permis d’établir avec une certitude quasi absolue qu’en une occasion à tout le moins la femme – être mystérieux et hautement ésotérique s’il en est – pouvait s’avérer prévisible, il me semble que vous êtes en droit d’en tirer un certain orgueil.
    Que tous ne soient pas capables d’en tirer avantage, voire même de l’envisager n’est, à bien y penser, finalement pas si dommage que celà.
    L’on pourrait bien évidemment regretter le fait que seule ces occasions permettent une certaine prévision de l’âme féminine, mais je me refuse à le croire, en indécrottable optimiste que je suis.
    Bien amicalement,
    FéliX

    Comment par felixnemrod — 16 août 2006 @ 6:05

  8. Fichtre, M. FéliX, ma si légère tendance au misanthropisme réaliste et pessimiste me condamnerait donc à errer irrémédiablement dans les plaines arides et désolées du cynisme solitaire?

    Néanmoins vous avez raison, compte tenu de mes précédentes déclarations sur les difficultés d’apréhender la psyché féminine et d’en prévoir les réactions avec quelque degré d’exactitude, il y aurait en théorie matière à se réjouir ici… Mais en vérité, ce type de prévisibilité, s’il me parait souvent passé sous silence, est loin d’être unique en son genre : pris dans sa généralité la plus vulgairement statistique, il se dégage chez la femme, tout autant que chez l’homme, des prévisibilités en matière de pouvoir de séduction tout à fait facile à identifier… Qu’il s’agisse de capacités financières, physiques ou à la rigueur intellectuelles. L’ordre d’importance étant lui aussi assez prévisible. Mais bien entendu, il ne s’agit que de généralités. Et bien entendu, pour mon plus grand malheur, il semblerait que plus ou moins sciemment je n’ai d’intérêt que pour celles qui tendraient à faire mentir le stéréotype, c’est à dire faire preuve d’imprévisibilité dans les domaines en question.

    Je reconnais volontiers qu’il y a paradoxe dans mon attitude. Mais tout fervent cartésianiste que je soit, il s’agit bien d’un sujet où la raison se doit parfois de céder place au coeur.

    Comment par dr Dave — 17 août 2006 @ 7:18

  9. « Et bien entendu, pour mon plus grand malheur, il semblerait que plus ou moins sciemment je n’ai d’intérêt que pour celles qui tendraient à faire mentir le stéréotype, c’est à dire faire preuve d’imprévisibilité dans les domaines en question. »
    Pour votre plus grand malheur??? N’est-ce justement pas là que réside tout l’intérêt d’un processus de séduction, lorsqu’une femme vous fait sentir que vous lui plaisez, à cause ou malgré vos maladresses?
    Soyons honnêtes (vous l’aurez compris, je parle ici au pluriel de majesté, ne souhaitant aucunement vous engager par mes propos) et admettons que ce mystère de l’âme féminine si souvent cause d’agacement et de récriminations est également source de joies immenses.
    Seriez-vous prêt à dire que vous auriez souhaité que vos différentes flammes, pour reprendre votre si juste expression, se montrent prévisibles? (je décèle ici la faille de mon argumentaire…peut être auriez-vous souhaité qu’elles se montrent « un peu plus » prévisibles)
    N’est-ce pas justement cette imprévisibilité, peut être la vraie marque de la féminité, qui a fait de ces femmes vos différentes flammes?
    Quant à l’attirance pour les « capacités financières, physiques ou à la rigueur intellectuelles », si ces dernières me paraissent utiles – mais certes pas indispensables – pour nouer une relation, force est de constater qu’une relation entièrement basée sur cette attirance « basique » est vouée à l’échec à plus ou moins long terme.
    Une relation doit me semble-t-il se construire pour durer. Le fait qu’une femme cherche à découvrir ce que cachent ces apparences n’est-il pas à ce titre encourageant?
    Sur ce point, il me semble que coeur et raison font bon ménage.
    Merci pour vos réponses et votre blog, Monsieur le (légèrement) misanthrope réaliste et pessimiste.
    FéliX,
    misanthrope également, mais qui se soigne et ne peut s’empêcher d’espérer de tous.

    Comment par felixnemrod — 18 août 2006 @ 9:49

  10. Les sentiments face aux combats de mâles de ces « babouines » ne sont-ils pas les mêmes que ceux qui animent les baboins ?

    Comment par Amazone — 15 janvier 2007 @ 1:52

  11. Amazone

    Que ces sentiments soient complémentaires, c’est fort possible. Qu’ils soient identiques, je ne pense pas : les babouins se battent pour toutes sortes de raison, la séduction de la babouine en est probablement l’une des principales. La babouine n’a pas besoin de regarder les combats de babouins pour plaire à ceux-ci… Elle le fait donc pour son plaisir ou pour son édification, ou pour quelque autre motif a priori différent de celui des mâles…

    En quoi imagineriez vous ces sentiments semblables ?

    Comment par dr Dave — 16 janvier 2007 @ 3:14

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et ignotas animum dimittit in artes