Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…
28 août 2006
A l’issue de ce week–end, quelques rapides conclusions s’imposent.
- J’ai des amis formidables.
- Doucement je vieillis.
- Moins doucement, mes artères aussi.
- Temps d’arrêter les liquides non-aqueux pendant quelque temps.
- Temps de se remettre au jogging.
- Je hais les dimanches soirs.
- Ayeuh, ma tête.
25 août 2006
La semaine dernière, autour d’une bouteille de Château Montrose 1979, entre deux réévaluations à la hausse de nos convictions déistes à mesure que la dégustation avançait, Pierre s’était enquis de mes projets de célébration happybirthdesque, s’excusant de ne pouvoir en être, pour cause d’îles grecques, sable grec et bergères grecques.
Je lui avais répondu que je ne me sentais guère l’envie d’organiser quoi que ce soit cette année et nous étions tombé d’accord sur la chance insoupçonnée de ceux dont la naissance tombe un jour de fête nationale, locale ou communautaire : libre alors à eux, selon l’humeur de l’année, de convier 3000 semi-inconnus à partager une coupe de champagne, ou se contenter de réjouissances déjà organisées et s’épargner l’effort et l’attention sans passer pour des pisse-froid absolus.
Malheureusement, ni Noël, ni Hanukah, ni le Ramadan, ni même la Saint Ron Hubbard, ne tombent à la fin du mois d’août cette année…
Il ne me reste donc plus qu’à innover.
Que je remette la main sur ma hache et ma masse d’armes d’ici samedi et croyez-moi, on ne sera pas près d’oublier le 434è anniversaire de la Saint-Barthélemy sur les bords de Seine.
Cette fois-ci, pas de sectarisme religieux, je fais dans le massacre de cons oecuménique.
…
Ça ou un verre de champagne avec quelques amis…
23 août 2006
Les seins de Zoé, donc.
Les seins de Zoé n’étaient pas particulièrement immenses. Ils auraient certes inspiré un certain respect à la plus opulente des Japonaises, mais rien qui n’atteigne les sommets siliconiques d’une Skye ou de la plupart des effeuilleuses professionnelles du quartier. C’était plutôt une certaine rondeur, une rondeur douce et lourde dont le contour entr’aperçu à travers un pull en laine un peu serré vous donnait instantanément des nostalgies de nourrisson, la pureté des pensées en moins.
La colocataire de Zoé fêtait son anniversaire le week-end suivant et avait décidé d’acquérir pour l’occasion quelque friandise chimique qu’elle n’avait guère eu l’occasion de consommer depuis son arrivée à Tokyo. Zoé, aussi gentille que serviable, avait offert de s’enquérir d’un fournisseur idoine, comptant sur la haute concentration en activités interlopes diverses et pas si variées dans un rayon de 100 mètres autour du bar.
Bénéficiant de la proximité immédiate d’un stock quasi-illimité de drogue buvables, légales et gratuites, ni elle ni moi n’avions jugé jusqu’alors nécessaire de nous acquitter des taux usuraires pratiqués pour les drogues non-légales et n’avions donc pas de contact attitré en la matière. Il fallut rapidement éplucher le rollodex du bar pour trouver notre homme. Un jeune entrepreneur brésilien dynamique et plutôt sympathique qui avait l’air d’apprécier mes tentatives de diversification cocktaileuse, puisqu’il venait fréquemment goûter mes mojitos en tout début de soirée avant de vaquer à ses occupations commerciales dans le quartier.
Un coup de téléphone et quelques minutes plus tard, Raùl venait s’asseoir au comptoir encore quasi-vide du Tropicana où Zoé lui tendit une caipirinha en lui expliquant la nature de son mal de tête et le nombre d’aspirines dont elle avait besoin.
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15 août 2006
Ce soir-là, ou plutôt ce matin-là, on jouait pour l’addition : les deux scores les plus bas s’acquitteraient de l’intégralité des consommations du groupe. Un honneur qui n’était pas loin de m’échoir puisque Masa accaparant la dernière place, je jouais l’avant-dernière au coude à coude avec Skye qui avait pourtant raflé la plupart des questions à caractère sexuel impliquant un nombre impair de partenaires. Les autres nous avaient tous mystérieusement devancés dans les manches récentes, glanant leurs points dans des domaines aussi variés que la consommation de Label Bleu (une bouteille en un soir : Pauline), la fréquentation des ashrams indiens (17 mois : Stacy) ou le nombre de reptiles apprivoisés dans un deux-pièces (un python et deux couleuvres : Sachiko).
Quant à Brendan, tout le monde se souvenait maintenant pourquoi c’était une mauvaise idée de jouer à « Qui a déjà? » avec lui : non seulement Brendan a déjà partagé une pipe d’opium avec le pape au milieu de la basilique St Pierre entourés d’une douzaine de prostituées hongroises à peine majeures et de trois tigres albinos, mais en plus il a gardé les photos.
D’ailleurs c’était à son tour de parler. Ce qu’il fit sans la moindre hésitation, mais non sans prendre le temps de vider préalablement son verre d’une traite :
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2 août 2006
Sur le pont des lézards, un samedi soir, on trouve toutes sortes de personnes.
Sur le pont des lézards, d’abord, on trouve Dave, une bouteille de Piper Heidsieck millésimé à la main. En temps normal, une bière ou un vinaigre transalpin eut amplement suffit, mais il est 23 heures et il y a bien des années que le dernier maghrébin du quartier a transformé son épicerie en gallerie d’art conceptuel, il a donc fallu tirer sur les réserves personnelles.
On trouve aussi Kheir et son profil de jeune prince oriental fraîchement arrivé des pyramides avec petit détour par Genève et la Kabylie. Kheir a dépensé tout son or durant le shopping de l’après-midi, mais apporte tout de même un peu de myrrhe et d’encens. Pour le papier à rouler, on se débrouillera.
Sur le pont des lézards, on rencontre Tracy et Cecilia, petites poupées rubenesque aux rondeurs douces mais pas excessives, de celles qu’on trouve encore dans les rares coins du midwest américain qui n’ont pas complètement remplacé l’agriculture par le coca-cola. Tracy et Cecilia sont calmes et souriantes adossées à la rambarde en sirotant lentement leur unique bière de la soirée. C’est la première fois qu’elles voient autant de lézards sur un pont.
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