Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

28 janvier 2006

Pulsions litéraires et meutrières

Posté dans : Plomberie Littéraire, par Dave A. à 3:32

Bon, moi: toujours pas mort. Juste un peu occupé ces derniers temps… Déménagement, acclimatation, études, soudaine tentative de suicide de mon rein droit etc. Mais pas d’inquiétude, la santé va mieux et mon pronostic est bon. Celui de l’occupant de l’appartement jouxtant le mien, en revanche, ne l’est pas du tout. Même si lui ne le sait pas encore. J’ai le pressentiment que quelque chose le guette… Accident de scie sauteuse? Cancer foudroyant de la 22-long-rifle? C’est si vite arrivé ces choses là.

Justement j’avais l’intention de me remettre à ce blog pour de vrai (oui, je sais, j’arrête pas de le dire, mais cette fois-ci c’est la bonne, et d’ailleurs vous remarquerez qu’il y a eu un effort ces derniers temps). Mais la rédaction de mon nouveau billet a sérieusement pâti de la dégradation soudaine de mon environnement sonore accompagnée d’envies d’homicide nocturnes.

Incapable de me concentrer dans ces conditions, je me vois obligé d’en reporter la publication à une date prochaine, mais tenais à vous assurer que dés que j’aurai fait part à mon voisin de quelques brèves considerations acoustico-horaires, des griefs qui s’y rapportent et des risques sanitaires encourus à court-terme par sa personne, je n’aurai de cesse que de reprendre la rédaction de ces pages.

A très bientôt donc…

11 janvier 2006

Entomologie Humaine

Posté dans : Pas assez d'ennemis..., par Dave A. à 1:47

Les phases de croissance de la larve d’homo sapiens, tout particulièrement son cycle de reproduction, restent de nos jours très mal documentées, occultées par l’attention disproportionnée donnée aux rites de copulation chez cette même espèce. Cette méconnaissance entraîne de nombreux comportements à risques. La lutte contre ce fléau millénaire passe nécessairement par l’éducation du public et sa sensibilisation aux innombrables répercussions écologiques de cette propagation endémique.

Trois phases se distinguent dans le développement de la larve d’humain: Ennuyeuse, Dangereuse et Nuisible.

La phase Ennuyeuse s’étend de l’éclosion jusqu’à la première année. Elle se repère facilement par la tendance de la larve à hurler à intervalles réguliers tout en excrétant un volume de fluide corporel à peine croyable pour un organisme de taille aussi insignifiante. Bien que représentant une menace sonore et olfactive sérieuse, son pouvoir de nuisance se concentre à ce stade là sur son entourage familial. Elle ne présente que peu de danger pour le public à condition de ne pas s’approcher trop près des maternités ou de vivre dans un pays bénéficiant de réglementations laxistes en matière d’avortement post-natal.

La dernière phase, la plus longue, débute vers deux ans, quand la larve acquiert sa mobilité et entreprend immédiatement la ruine financière, morale et physique de ses géniteurs, étendant progressivement cette ambition à son entourage plus ou moins direct. A l’issue de leur mue, les larves les plus innoffensives grandissent en bandits de grands chemins ou meurtriers de petite vieilles, les autres font des études et se tournent vers des techniques de tuerie à plus grande échelle ou deviennent banquiers.

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4 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est [dénouement]

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 6:34

Ce soir là, donc…

Nous tournions à effectif réduit: Skye était repartie au bras d’un des clients peu avant minuit, le plongeur philippin avait été congédié pour la soirée et le patron avait depuis longtemps entamé sa tournée des bars à hôtesses du quartier d’où il ne reviendrait, avec un peu de chance, pas avant le soir suivant pour peu qu’un coin de bar ou de trottoir accueillant ne se présente sur le laborieux chemin de son retour matutinal. Ne restaient que Pauline, moi et les restes agonisant de nos cortex cerebellum respectifs, très mal remis des excés de la veille.

Traditionnellement, Pauline s’occupait d’abreuver les ovoïdaux mugissants au tord-boyau du kentucky, tandis que je vérifiais régulièrement le niveau des bouteilles coté V.I.P., où la célébration de quelque succés commercial et l’indispensable présence d’une souriante équipe de jeunes filles en robe de soirée, chignon relevé, avait le bon goût de m’ôter toute responsabilité quant au service ce soir là. Pour le reste: décapsulages de bouteilles d’urine de félin pour les clients mâles, mélanges sucrés à la glace pilée pour le reste, comprimés de magnésium vitaminé effervescent pour le personnel…

Question vidéo, nous étions tombé d’accord pour laisser Entrer le Dragon, choix classique présentant l’avantage de ne pas pâtir outre-mesure du remplacement de sa bande-son originale par la sélection musicale du club. En fait, doublé sur fond de disco-funk, ça donnait une version hongkongaise de la Fièvre du Samedi Soir plutôt convaincante.

Pas assez abrutis par l’alcool pour alimenter les conversations éthyliques de la clientèle, peu enclins à faire un effort pour le devenir ce soir-là, nous occupions notre copieux temps libre, Pauline: à compter le nombre de haussements de sourcil de Bruce à travers le film, moi: à jouer les fonds de bouteilles du bar aux dés avec la rabatteuse du salon de massage chinois d’en face, venue se réchauffer entre deux argumentaires de vente infructueux…

Que s’est il exactement passé à ce moment?

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2 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 1:53

Et sans plus tarder, la réponse tant attendue à nos récents questionnements rhétoriques existentiels

C’était la fin de l’automne, le début de la semaine et le début de la fin pour bien d’autres choses. En pleine traversée de ces improbables heures qui séparent le dernier métro de celui du petit matin. À notre bord, l’équipage des soirs de faible fréquentation.

Club NV était d’une taille à peu près idéale: juste assez petit pour ne pas bénéficier d’un surcroît d’attention indésirable, mais suffisamment grand pour échapper à la traditionnelle guirlande de cirrhoses de comptoir, typique des plus petits établissements. Quel que soit le soir, il n’y avait guère de ces habitués cuvant leur mélancolie éthylique au bar… Quelques groupes caractéristiques se détachaient cependant de la foule des noctambules anonymes:

Un important contingent de joueurs de rugby néo-zélandais, d’une part, occupait souvent un volume métrique non négligeable à l’intérieur du club. Les mêmes origines méridio-hémisphèriques des deux barmaids, la propension de l’une en particulier à mettre en valeur les atouts que lui avait dispensés Mère Nature (avec un peu d’assistance de Tonton Bistouri), ayant entraîné une préférences patriotico-hormonales pour l’endroit et sa subséquentes utilisation comme succursale de vestiaire lors de leurs fréquents passages dans la capitale.

A l’autre extrémité du club et de l’échelle socio-professionelle se tenaient les mystérieux rendez-vous d’affaires de quelques japonais en costume trois pièces, discrets au point d’en faire presque oublier leur occupation quasi-permanente du carré V.I.P. à des fins professionelles. Des sortes de comités d’entreprise un peu particuliers présidés par un vénérable quinquagénaire que nous appellerons Matsumoto: non pas pour quelque vague ressemblance avec la peu-crédible création cinématographique éponyme, mais parce que l’impérieux besoin de respecter ici un certain degré de discrétion n’a d’égal que mon incapacité générale à trouver des pseudonymes convaincants aux protagonistes de mes récits. On notera donc que, contrairement à son homonyme né des effluves enfiévrés d’une poignée de neurones occidentaux surchauffés plongés dans un bain d’hormones pré-pubères, ce Boss Matsumoto-là n’était ni tortionnaire sadique, ni pédophile, ni même entouré d’une armée de tueurs fanatiques portant improbables loup vénitien et katana… Bon, il était quand même ce qu’il serait tenu d’appeler un Yakuza. Mais nul n’est parfait après tout.

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et ignotas animum dimittit in artes