Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

14 août 2014

Il tape sur des tambours…

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 5:55

Il y a quelque temps, j’ai soudain décidé qu’il fallait me trouver un nouveau hobby. Peut-être à cause du changement de décennie ? Ou peut-être parce qu’avec la perspective d’habiter à nouveau dans la même ville six ans plus tard, je voulais éviter de m’enfoncer trop facilement dans la routine de mes vieilles habitudes.

J’imagine que c’est comme ça que l’on se met au bingo ou à la broderie à l’approche de la retraite : le jour où on réalise que la demi-bouteille de gin par soir n’est pas un loisir viable sur le long terme, sans même parler de l’aspect social qui laisse souvent à désirer.

Comme je ne suis pas particulièrement doué pour le point de croix, le tambour japonais m’avait semblé une bonne idée.

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22 juillet 2014

Araignée d’un soir, Espoir…

Posté dans : le Japon, Memento, par Dave A. à 8:07

C’est Shizu qui l’avait repérée la première : une petite araignée qui profitait de mon épaule accueillante pour faire un tour en ville sans payer son ticket de train. Rien de surprenant, après une après-midi à faire les idiots dans l’herbe de Yoyogi.

Elle avait l’air plutôt paisible. Ou plutôt il avait l’air paisible, puisque, hors présence de locuteurs méditerranéens, je refuse toujours de me plier à la dictature de ces tournures grammaticales genrées françaises qui font fi des plus élémentaires notions de biologie et de logique pour attribuer un sexe unique et arbitraire à une espèce entière (quand j’était petit, je ne comprenais absolument pas pourquoi ma petite cousine françouillaise s’entêtait à penser que le mari de Madame Grenouille, c’était Monsieur Crapaud, alors que Monsieur Grenouille semblait un candidat beaucoup plus logique, compte tenu des coutumes administratives en matière de partage des noms entre époux). J’étais occupé à compter ses pattes et ses yeux, pendant que Shizu et Chiho tergiversaient sur la signification profonde de ce présage dans la culture locale, s’accordant finalement pour une condamnation à mort de l’arachnide voyageur, au motif qu’il faisait déjà nuit, et que tout le monde sait que les araignées du soir sont signe de malchance. Alors que le matin, oui, c’est bon signe.

Apparemment, les petits vieux qui occupent leur soirées d’hiver à fabriquer des dictons à la con ne se concertent pas entre pays, fût-ce pour éviter de se contredire aussi sottement. Peut-être une question de fuseau horaire.

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19 juillet 2014

Occupations Nocturnes

Posté dans : Carnet de Bal, l'Actualité, le Japon, par Dave A. à 8:35

On prenait tranquillement le thé dans un salon un peu guindé de Ginza, quand Eiko m’a demandé si je l’accompagnerais pas à sa première soirée fétichiste. Une vraie, avec du S, du M, du Q et un demi alphabet d’autres déviances sexuelles. Sur l’instant, je me tâtais un peu. Principalement parce que je n’étais vraiment pas habillé pour l’occasion et je portais la paire de Ferragamo que j’aime bien. En plus, le sexe d’après-midi, c’est comme le petit-déjeuner : plus plaisant en nombre restreint et à proximité d’un lit.

Renseignement pris, j’avais une semaine pour trouver quelque chose de moins coûteux et plus facile à ravoir à l’eau de javel que le cuir italien.

À part ça, j’étais partant. C’est d’ailleurs probablement pour ça qu’Eiko m’avait demandé, en dépit du caractère raisonablement peu dévêtu de nos sorties nocturnes habituelles : je suis toujours partant. Surtout quand il s’agit de porter des costumes et s’adonner à des activités douteuses voire illégales. Heureusement que j’habite pas dans le Mississipi des années 60 : sur un malentendu, je me serais probablement retrouvé avec un drap de lit sur la tête en train de mettre le feu à des églises Afro-américaines.

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4 août 2012

Le Don d’Invisibilité

Posté dans : l'Actualité, le Japon, par Dave A. à 1:11

Les dernières notes d’Iggy, ou plutôt de notre piètre restitution, résonnent encore dans l’air lorsque nous refaisons surface en plein Dotombori, au milieu des bars et karaokés somnolents. Les cicadas ont pris le relais dans un petit jour étonnamment peu étouffant pour une fin de juillet dans le Kansai.

Certains matins fleurent l’euphorie et les bouffées éthyliques, d’autres la défaite et les hoquets d’alcools qu’on commence déjà à regretter. Celui-ci sent juste la satisfaction d’une sortie qui s’arrête au bon moment et au bon endroit. C’est rare un équilibre aussi parfait.

J’embrasse à deux bras Vicky en rebondissant chastement sur sa poitrine, fais un petit signe de la main à Daphne, et m’éloigne vers mon quai matutinal. Je suis tellement absorbé par mon roman d’espions et d’aspirateurs en territoire cubain, que je remarque à peine deux autres pratiquantes des nuits pas claires sinon blanches, qui attendent elles-aussi leur citrouille et me sourient d’un air presque insistant à chaque fois que je lève les yeux. Après tout, aucune raison de ne pas sourire par un si joli matin d’été.

Quand l’express Osaka-Kyoto ouvre finalement ses portes, je m’assois machinalement sans quitter mon livre, mais en remarquant tout de même que c’est mon bout de banquette, de toutes celles du wagon presque vide, que les deux sourires ont décidé d’occuper. Leurs visages ont l’âge indéfini de ces japonaises qui pourraient avoir 20 ou 40 ans, trahis uniquement par leur intonation post-adolescente et de fréquents tapotements sur des portables maquillés comme des jouets pour adultes. Celle qui s’est assise à côté de moi porte ce petit bandeau garçonne façon Année Folles qui a envahi le Japon depuis quelques mois. Sur la longue chevelure brune des japonaises, la note résultante penche plus vers Pocahontas que vers Kiki de Montparnasse, mais le pays a certainement vu pire mode vestimentaire par le passé.

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6 décembre 2010

La vie dans une Bulle de Neige

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 11:08

Dyong…

« Un dixième de tour… »

Dyyoong…

« Non, dans l’autre sens, une plume de quart-de-ton en dessous, je dirais. »

Dong !

« Parfait ! Bon, on passe au Sol, maintenant. »

Accorder un vieux piano, c’est beaucoup plus dur qu’il n’y parait. Quand en prime, on dispose pour seul outillage d’une clef anglaise extirpée des entrailles d’un chalet poussiéreux, c’est des coups à y passer un après-midi entier. Heureusement on n’est pas trop pressé : pas de ski aujourd’hui et à part aller prendre un verre de la Noël chez le couple de vieux en face, notre agenda mondain est plutôt dégagé.

Iryna tapote patiemment les touches une par une. Le chat observe avec un intérêt non-feint et renouvelé à chaque fois qu’une note discordante vient lui faire friser les moustaches. Debout en équilibre sur un vieux tabouret, je m’efforce de faire bouger des chevilles qui se souviennent probablement de la première ascension de Frisson-Roche.

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8 juillet 2010

L’Hiver à Berlin

Posté dans : Carnet de Bal, l'Actualité, par Dave A. à 1:44

Vu d’en haut, le combat pour la nuit berlinoise est bien inégal.

Dans les rues, une obscurité tellement glaciale qu’elle étouffe sans difficulté la lueur chétive des réverbères au gaz, assiège les dernières poches de résistance autour d’Alexanderplatz et Prenzlauer. A hauteur d’yeux, dans la distance, quelques néons commerciaux marquent sans entrain les rares gratte-ciels de la ville. La Fernsehturm avec son profile incongru de film SF des années 50 en serait presque rendue digne… Au milieu : des flocons en suspension s’attardent à quelques mètres de la baie vitrée, transformée en vue aquatique des profondeurs…

Le restaurant qui s’étale dans mon dos est typique des goûts d’Erik: sophistiqué, cher et culinairement médiocre. De longues listes d’ingrédients faussement exotiques maquillent l’indigence de la carte, tandis que la fraicheur des mojitos et le décolleté des hôtesses s’efforcent de palier au reste. Pour la plupart des convives, il s’agit surtout de donner un prétexte à quelques aller-retours de fourchette entre deux cocktails. Je me suis levé au détour d’un battement de conversation, sans m’encombrer d’excuses auprès d’Anja qui ne s’en est guère émue. La bienséance n’est qu’une convention érigée pour ostraciser les rustres ; entre gens de bonne compagnie, toute politesse est superflue.

Tout à ma contemplation du ballet météorologique, j’essaie de déceler les symptômes d’un accès de misanthropie comme ces réunions en provoquent assez souvent chez moi, mais étrangement non, ce soir je suis plutôt en paix avec l’humanité.

Je regarde Erik échanger avec sa mère dans un allemand hésitant, passer au français, qu’elle maîtrise mal, puis finalement à l’anglais, compromis impersonnel mais efficace. Les mots langue maternelle, et toute la symbolique de son absence, s’imposent d’eux même. Muttersprache. Mother tongue. Charlotte, qui a grandit à Boston, parle très bien le français maintenant, quoiqu’avec un léger accent vaudois. Roman me rejoint devant la vitre et me tends nonchalamment quelques flocons que j’écrase entre deux pièces d’un euro. Là encore, l’ironie du symbole m’effleure. J’aspire mes deux euros, prends la cigarette que Roman m’a allumée et regarde son reflet jouer à poser son chapeau sur ma tête.

Malgré notre tendresse les uns pour les autres, il y a bien longtemps que nous n’avons plus grand chose en commun, ni par les goûts ni par les préoccupations, ni même par les ambitions. Et pourtant tout semble naturel, fluide, familier et presque confortable. C’est peut-être ça, l’atavisme.

[audio:BesteFreundin.mp3]
1 décembre 2009

À bicyclette…

Posté dans : l'Actualité, le Japon, par Dave A. à 12:18

Tous les jours, je me rends au laboratoire en bicyclette.

Le matin, j’emprunte une petite route en promontoire qui serpente le long du fleuve : entre les reflets argentés des galets, les maisons en bois alignées sur la rive en face et les montagnes tout autour, on se croirait dans une vallée des Alpes. À part les automobilistes, qui se sentent peu concernés par la nonchalance helvétique, et ne partagent qu’à contre cœur l’étroite route à double sens avec les amateurs d’air champêtre en deux-roues.

Le soir, je coupe par les terres et navigue les chemins de rizière à la seule lueur de ma dynamo. À choisir mes risques, plutôt finir dans cinquante centimètres d’eau boueuse, qu’aplati entre deux semi-remorques.

J’aime bien ma routine du soir, où la nécessité de tenir un guidon plutôt qu’un livre ou un bloc-note, me force à passer vingt minutes en tête-à-tête avec mes pensées. C’est fou, les choses dont on se souvient lorsque l’on n’essaie pas de réfléchir à quelque chose. Un ami qui avait fait le tour du monde en vélo m’avait confié qu’il occupait les étapes les plus monotones de son périple en se récitant des quatrains : les alexandrins se plieraient naturellement au rythme des coups de pédale sur une respiration régulière. Il avait raison.

L’air vespéral a le parfum distinct des soirées d’automne, vivifiant mais pas encore glacial, un air au goût délicieux, comme on dit par ici.

Parfois, en pédalant dans ma campagne crépusculaire, je ne peux m’empêcher de penser aux curés de Bernanos, sans vraiment savoir pourquoi.

Je me demande s’il existe un bovarysme heureux.

21 août 2009

Courir

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 2:41

À Singapour, tout le monde court.

En petites foulées. Le plus souvent à deux, mais parfois par groupes de trois ou quatre. Sur les trottoirs, d’un parc à l’autre, le long de la Marina, autour de la résidence, le long des cours de golf, dans les allées du Jardin Botanique, entre deux massifs d’orchidées.

Singapour est une ville où respirer en temps normal donnerait des envies de branchies à Emil Zátopek et où pas un expatrié ne songerait à se rendre à un rendez-vous d’affaires dans la tour voisine sans emprunter un taxi. Ici, faire du jogging, c’est dire au monde que, malgré le chauffeur privé et la terrasse climatisée, on ne va pas s’arrêter là : pas question de se laisser rattrapper. Le jogging n’est pas une activité sportive, c’est un statut.

Le mini-short griffé et la queue de cheval dépassant de la casquette de golf, les jeunes locales ambitieuses veillent à maintenir le profil callipyge qui, dans leur tailleur d’assistante-analyste à Brothers & Brothers, finira bien un jour par leur rapporter ce mari doté d’un bureau en coin, résidence avec piscine et armée de domestiques philippins, dont elles rêvent le weekend en parcourant les boutiques de luxe d’Orchard Road. Devant elles, la génération précédente, les traits un peu plus tirés, mais le short un peu plus griffé, sue à grosses gouttes pour garder sa place et sa piscine.

Des types qui doivent s’appeler Josh ou Skip, avec des têtes à faire du rééquilibrage de portfolio en trading quantitatif, tirent leur choléstérol de comptables vieillissants mais dynamiques, accompagnés parfois par quelques juniors pas forcément plus en forme, à qui il faut bien montrer qui dirige la meute.

Bien sûr, il se trouve toujours un ouvrier malais ou un livreur indien pour gâcher l’harmonie de ce ballet de sueur aristocratique par une course à motifs bassement utilitaires. Le pas moins rythmé, la transpiration moins nonchalante, ils en donneraient presque honte aux gens aisés de courir sans but et sans raison.

17 juillet 2009

Pour de Vrai

Posté dans : l'Actualité, le Japon, par Dave A. à 2:46

La mousson Kyotoïte est l’un des pire climats du Japon. Du temps de la vieille capitale impériale, les notables avaient coutume de prendre leurs quartiers d’été dans les hauteurs avoisinantes afin d’échapper aux chaleurs insupportables de la ville : plusieurs semaines de nuits suffocantes et poisseuses à peine rafraîchies par des averses quotidiennes.

Debout sur le balcon, je cherche ma respiration et je me dis que je préférerais être au milieu d’une de ces forêts de bambou qu’on devine là-bas dans l’obscurité. Dans la vallée, les lumières vacillent sous le poids de leur propre chaleur. Derrière moi, H. suffoque à petits bruits.

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10 juillet 2009

Pour de Faux

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 5:55

H. sanglote à petits bruits, la tête baissée, pendue à mon bras. J’avance en titubant légèrement, j’essaie de ne pas glisser sur les mousses qui couvrent la plupart des marches. C’est qu’il est plutôt escarpé, le petit cimetière d’Engaku-ji.

Le groupe qui se tient au bout de l’allée semble à peine plus âgé que nous dans l’ensemble. Également réparti entre les sexes et uniformément vêtu du noir monotone des enterrements japonais, ses membres n’affichent aucune émotion, sinon un air morne et taciturne pour les plus jeunes. Quelques regards se tournent brièvement sur notre passage, par réflexe ou par ennui, sans guère s’attarder.

Nous avons à peine franchi la porte qui sépare le cimetière du reste de l’enceinte que nous éclatons tous deux d’un rire à peine étouffé. Je mords à pleine dents le cuir de ma main gantée dans une vaine tentative de retenue. Pressant le pas comme les deux gamins coupables que nous sommes, nous rejoignons rapidement le chemin principal et reprenons notre promenade sous le ciel bleu ensoleillé d’un matin d’hiver.

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28 décembre 2008

Les rues de San Francisco (suite et fin)

Posté dans : l'Actualité, la Californie, par Dave A. à 3:22

Quand la limousine à vitres teintées s’est arrêtée au coin de la rue, on a hésité quelques secondes. Et puis comme rien ne bougeait autour, Lauren a décidé qu’elle préférait risquer le kidnapping à la marche…

On est à peine à l’intérieur, que le conducteur abaisse la vitre de séparation, fait un signe vague en direction des banquettes et redémarre avant même d’ouvrir la bouche.

« Larry m’a appelé. Vous avez de la chance, j’étais censé finir dans deux heures, mais les clients précédents ont rendu l’âme plus tôt que prévu. »
Remarquant nos haussements de sourcil interrogateurs dans son rétroviseur, il précise :
« Mort par overdose de Veuve Cliquot. Rien de bien méchant, ils s’en remettront. La veste à 5000 balles de monsieur et les tapis rouges de la réception du Mark Hopkins : probablement moins.
Bon, on va où ? Vous êtes pressés au fait ?
— Non, ça va. Pas d’urgence. Le plan du reste de la soirée n’a pas encore été étudié avec précision, mais on va y réfléchir. »

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13 décembre 2008

Les rues de San Francisco

Posté dans : l'Actualité, la Californie, par Dave A. à 8:21

Le téléphone décroche à la troisième sonnerie : au moins une de trop, plusieurs secondes de plus qu’il n’en faut pour étendre le bras vers un tableau de bord, c’est pas bon signe.

« Larry ?
— Lui-même.
— Toujours en affaires?
— Plus que jamais. »

Larry, depuis dix ans, c’est mon chauffeur de taxi attitré. À San Francisco, ville riche en colines et pauvre en transports, où les taxis choisissent leurs courses avec une minutie dédaigneuse et ne s’aventurent guère hors de Union Square après 2 heures du matin, il est indispensable d’en connaître au moins un ou deux par leur prénom. Ou d’aimer les marches nocturnes.

« J’aurais besoin de roues au coin de 16è et 8è, c’est envisageable ?
— Ça dépend : c’est urgent ? On vient de dépasser Fresno et même en tenant notre moyenne et en évitant les accidents de coyote, on en a encore pour six heures avant Vegas, un peu plus pour le retour.
— Las Vegas ? C’est pas un peu hors de ta juridiction ?
— Candy et Felicity avaient une urgence professionnelle. Tu me connais, je ne peux rien refuser à deux demoiselles en détresse et en tenue légère. »

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4 juin 2008

Prisons Tchèques Pt. 3

Posté dans : le Reste, par Dave A. à 8:52

En relisant le livre XII des mémoires post-tombales de l’ami René, je me suis avisé que j’avais un peu laissé en plan les miennes.
Je sais, c’est assez chiant Chateaubriand, mais vous avez déjà essayé de mettre la main sur du Patrick Poivre d’Arvors dans une librairie tokyoïte? Bref.

Arrivé à Prague dans la matinée, j’avais déposé mon sobre baluchon dans la tente de mes camarades, que j’avais laissés à leur atelier « artisanat banderoles et masques anti-fumigènes », pour aller retrouver Amelia dans un café du centre de la vieille ville.

J’aime beaucoup les vieux cafés praguois. Tout y est trop grand, guindé et suranné à l’extrême : les plafonds vertigineux, les meringues de chandeliers, les serveurs mornes en tablier blanc, les fauteuils trop droits pour être vraiment confortables, les conversations chuchotées pour ne pas déranger Kafka qui écrit à la table voisine. Kafka portait un jean déchiré, la mèche savamment sauvage façon artiste maudit et faisait semblant de se concentrer sur son moleskine mais en réalité n’arrêtait pas de balancer des regards en biais sur les nibards d’Amelia. Nous, on avait plutôt laissé tomber les Lettres et on s’attachait à parcourir les années dans les deux sens tout en élevant l’art de la digression à des niveaux insoupçonnés de fractalisation.

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9 janvier 2008

Prisons Tchèques Pt. 2

Posté dans : le Reste, par Dave A. à 8:08

Bon, reprenons.

La dernière fois, nous apprenions, à la grande surprise du jeune Dave, que non, la musique n’adoucit pas toutes les moeurs, surtout à partir de 130 bpm.

Cette fois-ci, notre héros, légèrement moins boutonneux mais non moins jeune, apprend à ses dépends que le hasard à parfois des hoquets un peu chiants.

La suite de l’histoire se déroule pas mal d’années plus tard : beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts de la Vltava depuis ce précédent épisode qui demeurait enfoui dans les souvenirs lointains et embrumés d’une jeunesse quelque peu chaotique et embrumée elle aussi. Suivant un plan de carrière solidement établi sur un coin de table de bar à 5 heures du matin, j’étais parti tenter gloire et fortune sur un autre continent où je commençais à avoir mes habitudes, ce qui n’empêchait pas d’occasionnels pèlerinages dans mes capitales européennes favorites. C’est à l’occasion d’un de ces passages que je renouais un soir avec la faction non-armée du front trotskiste de libération des sofas parisiens, branche canabique, en la personne de Nico.

Ah, Nico.

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2 janvier 2008

Prisons Tchèques Pt. 1

Posté dans : le Reste, par Dave A. à 3:03

Comme je l’évoquais il y a quelque temps, un détail amusant de ma notice biographique (à paraître prochainement dés que j’aurais fini de convaincre Jean d’Ormesson de l’écrire) est que, en dépit d’origines me prédisposant pourtant peu à une vie de crime et de forfaitures, j’ai été jeté par deux fois en prison. Pas n’importe où non plus, puisqu’il s’agissait, en chaque occasion, des délicieuses geôles de la République Tchèque, qui figurent pourtant assez bas au classement international des destinations touristiques incontournables.

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et ignotas animum dimittit in artes