Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

3 mai 2006

Retour de Flamme

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 9:34

J’ai gardé de bon rapports avec presque toutes mes anciennes flammes, y compris celles dont l’extinction a pu se faire avec toute la subtilité d’un puit de pétrole koweitien.

J’aime à y voir le reflet de la maturité affective qui sied à un jeune homme de son temps.

Il se trouve toujours quelques esprits chagrins pour mettre en avant le fait que le remplacement du traditionnel entretien de fin de relation par un billet aller-simple pour l’autre bout du globe aurait pu gonfler artificiellement ces résultats.

Il n’en est rien, bien sûr. Et j’en veux comme preuve la visite inopinée de E., d’avec qui la rupture et les nombreux vols de vaisselle à basse altitude qui l’accompagnèrent ne prêtèrent guère à la moindre ambiguïté.

(more…)

16 avril 2006

Je est un autre… Et il n’écrit pas sur ce blog…

Posté dans : Plomberie Littéraire, par Dave A. à 4:13

En des temps pas si récents, d’éminents digerati m’ont fait l’insigne honneur de me convier à répondre à des variations de l’indémodable questionnaire proustien (rebaptisé « mème », pour la génération Star Trek, qui n’est pas trop regardante sur la sémantique). L’impardonnable retard faussement nonchalant de la présente réponse en rend d’autant plus pénible la teneur : Il m’est hélas impossible d’obtempérer à ces forts sympathiques requêtes…

Il serait facile d’y voir la marque d’un snobisme déplacé envers une forme d’interaction qui, si elle manque certes de subtilité, n’en est pas moins un merveilleux moyen d’encourager l’exhibitionnisme introspectif à vocation sociale (aussi appelé « blogging » par certains). Suspicion sustentée par mes précédents travaux scientifiques établissant une corrélation claire entre le nombre de « mèmes » circulant sur l’Internet à un instant donné et le taux de mortalité en bas-âge dans les populations félines domestiques. Or, comme la bestiole me servant présentement de repose-poignet ronronnant pourra en témoigner : j’aime les chats, a fortiori les chatons, et pas seulement avec de la sauce béarnaise, bien trop relevée d’ailleurs pour permettre d’apprécier la chair tendre et délicate de cet animal.

(more…)

10 avril 2006

Trois Souvenirs Acidulés pt. I

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 5:45

I hate to advocate drugs, alcohol, violence or insanity to anyone, but they’ve always worked for me.
Hunter S. Thomson

Blackrock City, Nevada. 3 Septembre de la fin du second millénaire, vers 7 heures du soir.

Assis sur une caisse de champagne, j’opère le désensablage rudimentaire de mon verre avant d’y jeter quelques glaçons généreusement arrosés de vodka, jus de tomate puis d’une demi-douzaine d’épices et ingrédients variés. Au milieu du désert, le Bloody Mary est bien plus qu’un simple cocktail: c’est un breuvage indispensable à la survie de l’homme blanc en terrain aride semi-hostile. Fournissant d’une part sa ration de nutriments et sel minéraux au bédouin des temps modernes, lors que son niveau savamment contrôlé d’acidité citrique et de piments contribuent à garder éveillé chez le consommateur une saine envie de rester hydraté.

Il n’y a plus de raifort sauvage: un Bloody Mary correct étant désormais hors de question, il faut se rabattre sur un Cosmopolitan. Monde cruel.

J’ai à peine fini de servir le sien à Becky que Tom surgit et dépose le coffre à costumes à nos pieds en nous intimant de nous dépêcher pour ne pas rater l’allumage du bûcher qui ne saurait tarder.

(more…)

22 mars 2006

De l’art d’occuper son temps revendicatif

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 8:02

Un jour, je pense qu’il se trouvera bien quelques psycho-historiens tendance hégélo-lacanienne pour analyser le caractère cyclique légèrement lancinant des mouvements sociaux français.

D’un coté le Jeune, l’oeil humide, brûlant de tuer le Père et montrer à son tour que si en France on n’a plus de pavés, on a toujours des idées. De l’autre, l’Aîné soixante-huitard, baignant dans son paternalisme condescendant, mais incapable de réprimer une petite larme d’encouragement nostalgique entre deux meeting de son agence de com’. Pour les digressions sur la nature exacte de la Mère qu’il importe de séduire ou violenter dans cette métaphore freudienne vaseuse: allez piocher au choix dans Delacroix, Jacques-Louis David ou Jean-François Kahn, je ne suis pas trop regardant en matière d’allégorie éculée.

Quoi qu’il en soit, n’allez pas croire un instant que mon statut réaffirmé d’aigri prématuré, mouvance petit con, ne me pousse à la moindre animosité envers ceux de mes chers camarades qui canalisent l’expression de leurs revendications politiques par l’empilement stratégique de mobilier de bureau à l’entrée des locaux universitaires. Pour tout dire, compte-tenu de mon humeur peu sociable de ces derniers jours, ça m’arrangerait plutôt.

(more…)

11 mars 2006

Coïncidences I

Posté dans : Memento, par Dave A. à 3:08

On était un peu des jumeaux qui n’auraient pas grandi ensemble. Munis de notre propre langage: une bouillie linguistique agrégée de nos langues respectives, remplie de références obscures et mal maîtrisées et surtout pleine de la maturité précoce, un rien mélancolique, des enfants qui ne le sont pas restés longtemps.

Nos histoires se ressemblaient sans avoir le moindre point commun, nous glissions dans le même courant d’eau, passant par les mêmes points à quelque temps d’écart. À Paris, bien sûr, où nous étions deux pions fraîchement posés sur l’échiquier, sur le point d’entamer la même partie. Puis Barcelone, Londres, la Californie…

Tu aurais aimé le Japon, je pense.

Quand tu avais décidé que les filles te plaisaient plus que les garçons, on en avait discuté comme s’il ne s’agissait guère que d’un arrangement d’emploi du temps: je t’accompagnerai dans ta découverte des bars lesbiens, tu viendrais voir avec moi à quoi ressemblaient les soirées hétéros. Mais à vrai dire, nous ne fîmes que bien peu d’incursions dans les beuveries quasi-adolescentes de nos camarades de classe: c’était bien plus intéressant de suivre les goudous du Marais, dont la fibre maternelle pas tout à fait désintéressée nous ouvrait des portes à peine soupçonnées à l’époque.

Ce matin là, rentrant d’une nuit de boulot et de club, quand je me suis arrêté au milieu de West Central et t’ai annoncé qu’il fallait que je change d’air, que j’allais rentrer prendre une douche et repartir directement à Heathrow, tu ne m’as même pas demandé pourquoi j’avais si subitement besoin de survoler l’Atlantique, un jeudi à six heures du matin, tu m’as juste souri en me disant à bientôt.

(more…)

8 mars 2006

Assez Ri

Posté dans : Plomberie Littéraire, par Dave A. à 2:16

Life does not cease to be funny when people die any more than it ceases to be serious when people laugh.
George Bernard Shaw

Dire que l’humour est le cache-misère du désespoir est un lieu commun frisant la tautologie…
Pas besoin d’avoir lu Bergson pour remarquer que les artistes comiques donnent toujours les nécrologies les plus déprimantes.
L’inverse est vrai: un auteur dramatique sans humour, ça produit de ces romans insipides type XIXè siècle, destinés à l’édification des jeunes filles de bonne famille, où l’esprit est un péché domestique et l’ironie: la dernière des vulgarités. Mais entre les railleurs cyniques et les imbéciles pompeux, les premiers au moins entretiennent moins d’illusions sur la qualité de leur piètre existence.

L’ironie, c’est une armure, une seconde peau en cuir sur laquelle tous les coups glissent sans pénétrer. Évidemment, parfois, on étouffe un peu en-dessous, mais ça protège bien. Le problème, c’est qu’à force de la porter, il devient de plus en plus dur de l’enlever, car alors le moindre rayon de soleil vous brûle la peau. Du coup, on la revêt instinctivement, quelle que soit la situation, et on blesse ceux qu’on embrasse.

C’est comme un rire nerveux, en beaucoup plus gênant. Cette envie irrépressible de répondre au sérieux par une pirouette boufonnesque, qu’on pourrait presque confondre avec la volonté de placer un bon mot coûte-que-coûte, même si l’on regrette l’instant d’après. Ca m’a valu bien des claques au cours de ma vie, les plus violentes n’ayant d’ailleurs pas toujours le bruit d’une paume sur la joue.

Donc voilà, sans plus insister, c’était pour dire que les choses vont changer ici. Il est temps d’arrêter la gaudriole et de se prendre un peu au sérieux. Ou peut-être pas. Peut-être quelque chose d’autre, qui n’est ni du rire, ni du sérieux. Peut-être même que ça a à voir avec le talent d’écriture (le vrai, pas celui qui consiste à énoncer quelques tournures plaisantes en flattant la plaisanterie du bout des doigts).

De toutes manières, cela importe peu, puisque tout ce qui s’écrit sur ce blog est entièrement fictif (surtout les drogues, maman: surtout les drogues).

Vous voilà prévenu.

4 février 2006

Épiphanie Régressive

Posté dans : Nombrilisme, par Dave A. à 6:16

Pour être tout à fait franc, j’avais non seulement présagé l’intérêt particulier que susciteraient mes déclarations sur la perte des illusions de jeunesse (l’angoisse de la sénilité a depuis bien longtemps supplanté celle de la mortalité dans les discussions de salon, de ce coté-ci du Sahara), et je songeais même depuis plusieurs semaines au billet incisif et argumenté qui suivrait cette entrée en matière. Un billet où j’aurais ironisé sur les étranges effets secondaires des voyages en avion sur les affiliations politiques (vous embarquez quelque part une faucille à la main et débarquez dans un autre pays vêtu d’une chemise brune sans même vous en apercevoir). Un billet où j’aurais fait le bilan du pour et du contre, en arguant fallacieusement que l’on ne peut pas être un vieux con quand on écoute la musique de sauvage que j’écoute.

Et puis ce matin, une bouteille de vodka calé entre les genoux, à fignoler les détails de Monde 2.0 avec Pierre, assis sur le toit de l’immeuble (une vieille habitude) tout en faisant des tests aéronautiques avec les feuilles du Figaro piqué au paillasson matinal du voisin (une autre vieille habitude), j’ai eu une révélation:

C’est pas parce qu’on sort de l’âge légal pour être un jeune con qu’il faut automatiquement devenir un vieux con.

En faisant un peu d’effort, on peut aussi redevenir un petit con très convaincant. Et c’est quand même vachement plus marrant.

1 février 2006

Contrebande

Posté dans : Oncle Dave raconte..., par Dave A. à 3:30

A en croire certaines rumeurs, la famille aurait compté au sein de sa lignée manx quelques contrebandiers notables. Calomnies insidieuses alimentées par la découverte dans les années 1950, d’une frégate de contrebande en parfait état dans le cellier de la résidence familiale où mon illustre ancêtre l’y avait amoureusement entreposée un siècle plus tôt. La présence sur l’embarcation d’une demi-douzaine de canons en fonte indiquerait en outre quelques activités de flibusterie légère, mais comme il y a tout égard de penser que celles-ci étaient réservées à l’encontre des seules flottes françaises, l’honneur est sauf. Quant à la contrebande, rien de bien exceptionnel non plus: la moitié de l’Île de Man, noblesse comprise, s’y est toujours adonné avec passion. Il fallait bien faire tourner l’économie en attendant de remplacer le rhum par les devises étrangères et devenir l’un des paradis fiscaux du vingt-et-unième siècle.

Compte-tenu de ces prédispositions peu bienveillantes à l’encontre de la profession douanière (dans ce domaine, des noms illustres me précèdent) ainsi que d’un goût, assez atavique lui-aussi, pour un nomadisme impliquant de fréquents contacts avec celle-ci, on serait en droit à s’attendre à de nombreuses histoires d’horreur ponctuées de déversements de bile sur la corporation internationale des renifleurs de bagages enképités…

(more…)

28 janvier 2006

Pulsions litéraires et meutrières

Posté dans : Plomberie Littéraire, par Dave A. à 3:32

Bon, moi: toujours pas mort. Juste un peu occupé ces derniers temps… Déménagement, acclimatation, études, soudaine tentative de suicide de mon rein droit etc. Mais pas d’inquiétude, la santé va mieux et mon pronostic est bon. Celui de l’occupant de l’appartement jouxtant le mien, en revanche, ne l’est pas du tout. Même si lui ne le sait pas encore. J’ai le pressentiment que quelque chose le guette… Accident de scie sauteuse? Cancer foudroyant de la 22-long-rifle? C’est si vite arrivé ces choses là.

Justement j’avais l’intention de me remettre à ce blog pour de vrai (oui, je sais, j’arrête pas de le dire, mais cette fois-ci c’est la bonne, et d’ailleurs vous remarquerez qu’il y a eu un effort ces derniers temps). Mais la rédaction de mon nouveau billet a sérieusement pâti de la dégradation soudaine de mon environnement sonore accompagnée d’envies d’homicide nocturnes.

Incapable de me concentrer dans ces conditions, je me vois obligé d’en reporter la publication à une date prochaine, mais tenais à vous assurer que dés que j’aurai fait part à mon voisin de quelques brèves considerations acoustico-horaires, des griefs qui s’y rapportent et des risques sanitaires encourus à court-terme par sa personne, je n’aurai de cesse que de reprendre la rédaction de ces pages.

A très bientôt donc…

11 janvier 2006

Entomologie Humaine

Posté dans : Pas assez d'ennemis..., par Dave A. à 1:47

Les phases de croissance de la larve d’homo sapiens, tout particulièrement son cycle de reproduction, restent de nos jours très mal documentées, occultées par l’attention disproportionnée donnée aux rites de copulation chez cette même espèce. Cette méconnaissance entraîne de nombreux comportements à risques. La lutte contre ce fléau millénaire passe nécessairement par l’éducation du public et sa sensibilisation aux innombrables répercussions écologiques de cette propagation endémique.

Trois phases se distinguent dans le développement de la larve d’humain: Ennuyeuse, Dangereuse et Nuisible.

La phase Ennuyeuse s’étend de l’éclosion jusqu’à la première année. Elle se repère facilement par la tendance de la larve à hurler à intervalles réguliers tout en excrétant un volume de fluide corporel à peine croyable pour un organisme de taille aussi insignifiante. Bien que représentant une menace sonore et olfactive sérieuse, son pouvoir de nuisance se concentre à ce stade là sur son entourage familial. Elle ne présente que peu de danger pour le public à condition de ne pas s’approcher trop près des maternités ou de vivre dans un pays bénéficiant de réglementations laxistes en matière d’avortement post-natal.

La dernière phase, la plus longue, débute vers deux ans, quand la larve acquiert sa mobilité et entreprend immédiatement la ruine financière, morale et physique de ses géniteurs, étendant progressivement cette ambition à son entourage plus ou moins direct. A l’issue de leur mue, les larves les plus innoffensives grandissent en bandits de grands chemins ou meurtriers de petite vieilles, les autres font des études et se tournent vers des techniques de tuerie à plus grande échelle ou deviennent banquiers.

(more…)

4 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est [dénouement]

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 6:34

Ce soir là, donc…

Nous tournions à effectif réduit: Skye était repartie au bras d’un des clients peu avant minuit, le plongeur philippin avait été congédié pour la soirée et le patron avait depuis longtemps entamé sa tournée des bars à hôtesses du quartier d’où il ne reviendrait, avec un peu de chance, pas avant le soir suivant pour peu qu’un coin de bar ou de trottoir accueillant ne se présente sur le laborieux chemin de son retour matutinal. Ne restaient que Pauline, moi et les restes agonisant de nos cortex cerebellum respectifs, très mal remis des excés de la veille.

Traditionnellement, Pauline s’occupait d’abreuver les ovoïdaux mugissants au tord-boyau du kentucky, tandis que je vérifiais régulièrement le niveau des bouteilles coté V.I.P., où la célébration de quelque succés commercial et l’indispensable présence d’une souriante équipe de jeunes filles en robe de soirée, chignon relevé, avait le bon goût de m’ôter toute responsabilité quant au service ce soir là. Pour le reste: décapsulages de bouteilles d’urine de félin pour les clients mâles, mélanges sucrés à la glace pilée pour le reste, comprimés de magnésium vitaminé effervescent pour le personnel…

Question vidéo, nous étions tombé d’accord pour laisser Entrer le Dragon, choix classique présentant l’avantage de ne pas pâtir outre-mesure du remplacement de sa bande-son originale par la sélection musicale du club. En fait, doublé sur fond de disco-funk, ça donnait une version hongkongaise de la Fièvre du Samedi Soir plutôt convaincante.

Pas assez abrutis par l’alcool pour alimenter les conversations éthyliques de la clientèle, peu enclins à faire un effort pour le devenir ce soir-là, nous occupions notre copieux temps libre, Pauline: à compter le nombre de haussements de sourcil de Bruce à travers le film, moi: à jouer les fonds de bouteilles du bar aux dés avec la rabatteuse du salon de massage chinois d’en face, venue se réchauffer entre deux argumentaires de vente infructueux…

Que s’est il exactement passé à ce moment?

(more…)
2 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 1:53

Et sans plus tarder, la réponse tant attendue à nos récents questionnements rhétoriques existentiels

C’était la fin de l’automne, le début de la semaine et le début de la fin pour bien d’autres choses. En pleine traversée de ces improbables heures qui séparent le dernier métro de celui du petit matin. À notre bord, l’équipage des soirs de faible fréquentation.

Club NV était d’une taille à peu près idéale: juste assez petit pour ne pas bénéficier d’un surcroît d’attention indésirable, mais suffisamment grand pour échapper à la traditionnelle guirlande de cirrhoses de comptoir, typique des plus petits établissements. Quel que soit le soir, il n’y avait guère de ces habitués cuvant leur mélancolie éthylique au bar… Quelques groupes caractéristiques se détachaient cependant de la foule des noctambules anonymes:

Un important contingent de joueurs de rugby néo-zélandais, d’une part, occupait souvent un volume métrique non négligeable à l’intérieur du club. Les mêmes origines méridio-hémisphèriques des deux barmaids, la propension de l’une en particulier à mettre en valeur les atouts que lui avait dispensés Mère Nature (avec un peu d’assistance de Tonton Bistouri), ayant entraîné une préférences patriotico-hormonales pour l’endroit et sa subséquentes utilisation comme succursale de vestiaire lors de leurs fréquents passages dans la capitale.

A l’autre extrémité du club et de l’échelle socio-professionelle se tenaient les mystérieux rendez-vous d’affaires de quelques japonais en costume trois pièces, discrets au point d’en faire presque oublier leur occupation quasi-permanente du carré V.I.P. à des fins professionelles. Des sortes de comités d’entreprise un peu particuliers présidés par un vénérable quinquagénaire que nous appellerons Matsumoto: non pas pour quelque vague ressemblance avec la peu-crédible création cinématographique éponyme, mais parce que l’impérieux besoin de respecter ici un certain degré de discrétion n’a d’égal que mon incapacité générale à trouver des pseudonymes convaincants aux protagonistes de mes récits. On notera donc que, contrairement à son homonyme né des effluves enfiévrés d’une poignée de neurones occidentaux surchauffés plongés dans un bain d’hormones pré-pubères, ce Boss Matsumoto-là n’était ni tortionnaire sadique, ni pédophile, ni même entouré d’une armée de tueurs fanatiques portant improbables loup vénitien et katana… Bon, il était quand même ce qu’il serait tenu d’appeler un Yakuza. Mais nul n’est parfait après tout.

(more…)
26 décembre 2005

Souvenir de Vacances à la Neige

Posté dans : Oncle Dave raconte..., par Dave A. à 2:07

Pour vous faire patienter de la parution de notre Spécial Japon: un petit intermède spécial Noël & Petit Jésus.

Comme plusieurs millions de terriens qui n’ont pas eu la chance de naître mahométans, ou dans un pays suffisamment pauvre pour empêcher toute considération dinde-aux-marronesque au moment des fêtes, il y a fort à parier que vous étiez hier soir occupé à célébrer le deux-mille-cinquième du fils du boss. Ou à défaut de célébrer: consciencieusement occupé à vous pinter au Dom Pérignon coupé de vodka, tout en mâchant des aiguilles de sapin pour faire passer le temps et accélérer la perte des capacités cognitives.

Vous vous dites qu’il est difficile d’égaler, en termes de sourires crispés et silences inconfortables: le moment où la tante Martha s’est enquise des ambitions reproductrices de l’inverti de la famille, la main baladeuse du grand-père libidineux sur la cuisse de la petite cousine, la bataille de traiteurs entre Belle-Maman et Jocelyne, accompagnée de commentaires fielleux sur la fraîcheur des huîtres et la qualité de cuisson de la volaille, ou bien encore le ton qui monte entre Robert, passablement éméché, et sa femme, dont le décolleté pigeonnant menace à tout instant de relâcher une paire de seins ménopausés sur la bûche, éborgnant au passage Jean-Pierre, qui n’a pas encore commencé à sangloter sur sa séparation récente d’avec Monique, mais ça ne saurait tarder…

Permettez moi dans ce cas de vous narrer cette courte anecdote, sorte de madeleine proustienne des temps modernes, dont le faible intérêt tient essentiellement à sa rigoureuse authenticité.

Le plat en céramique chinoise

(more…)

4 novembre 2005

Il faudrait pas vieillir… (Surtout les autres)

Posté dans : En Passant, par Dave A. à 2:50

La dernière pensée d’Arthur au moment de mourir fut consacrée au visage d’Odile. Dans le noir brouillard qui tombait sur lui il aperçut cet oiseau fabuleux dont on parle dans les légendes indiennes et qui parait-il vient au monde sans pattes de sorte qu’il ne se pose jamais. Il dort dans les grands vents, plus haut que l’œil peut voir et on ne le voit jamais, vraiment jamais, sauf quand il meurt et il a des ailes transparentes plus longues que celle d’un aigle et quand elles sont refermées l’oiseau tiendrait dans le creux d’une main.

Vous rendez vous compte que…

… le type qui a écrit ça: c’est le même que celui qui a passé ses vingt dernières années à emmerder les carpes du lac Léman avec d’interminables ruminations sur la difficulté de devenir un vieux con, agrémentées de suffisamment de poncifs nombrilistes sénilisants pour remplir une demi-douzaine de hors-séries des Cahiers

Tout le monde n’a pas la chance de compter Mark David Chapman parmi ses fans.

27 octobre 2005

Nos Gentils Voisins

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 7:14

Bonne nouvelle: non seulement la cellule de dégrisement de mon commissariat local est équipée du dernier cri en matière de technologies informatiques, mais en plus, la geôlière dort à poings fermés…

Reprenons donc…

Avant même que nous n’emménagions, Alexandra et moi, Ricardo avait tenu à être franc sur un sujet: quatre à cinq fois par an, il lui incombait d’organiser l’accueil d’un cercle élargi de ses relations pour une soirée à caractère thématique. Le thème en question reposant essentiellement sur l’application mutuelle de châtiments corporels à vocation érotique. Une sorte de club de lecture spécialisé dans certaines oeuvres fin du XVIIIè avec un intérêt particulier pour la mise en pratique.

Une soirée S&M, et pas n’importe laquelle, puisque, l’événement étant relativement coté parmi quelques personnalités publiques de la région, le port du loup vénitien y était tout à fait commun, à des fins confidentielles, sinon ludiques.

A ce stade du récit, et compte tenu des mentions de fouet, notables locaux et port du masque, il sera pardonné au moins Kubrickien des lecteurs d’avoir à l’esprit des visions de messes démoniaques baignées de vapeurs surréalistes qui se dissiperaient par endroit pour révéler tour à tour les insoutenables silhouettes d’adolescents pré-pubères, ex-mannequins héroïnomanes, innocents hamsters et autres ratons laveurs, tous à la merci des perversions lubriques d’une poignée de néo-patriciens sanguinaires…

(more…)

et ignotas animum dimittit in artes