Où il n'est bien sûr nullement question, ni d'automne, ni de Tokyo…

23 août 2006

Les seins de Zoé pt. 2

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 6:18

Les seins de Zoé, donc.

Les seins de Zoé n’étaient pas particulièrement immenses. Ils auraient certes inspiré un certain respect à la plus opulente des Japonaises, mais rien qui n’atteigne les sommets siliconiques d’une Skye ou de la plupart des effeuilleuses professionnelles du quartier. C’était plutôt une certaine rondeur, une rondeur douce et lourde dont le contour entr’aperçu à travers un pull en laine un peu serré vous donnait instantanément des nostalgies de nourrisson, la pureté des pensées en moins.

La colocataire de Zoé fêtait son anniversaire le week-end suivant et avait décidé d’acquérir pour l’occasion quelque friandise chimique qu’elle n’avait guère eu l’occasion de consommer depuis son arrivée à Tokyo. Zoé, aussi gentille que serviable, avait offert de s’enquérir d’un fournisseur idoine, comptant sur la haute concentration en activités interlopes diverses et pas si variées dans un rayon de 100 mètres autour du bar.

Bénéficiant de la proximité immédiate d’un stock quasi-illimité de drogue buvables, légales et gratuites, ni elle ni moi n’avions jugé jusqu’alors nécessaire de nous acquitter des taux usuraires pratiqués pour les drogues non-légales et n’avions donc pas de contact attitré en la matière. Il fallut rapidement éplucher le rollodex du bar pour trouver notre homme. Un jeune entrepreneur brésilien dynamique et plutôt sympathique qui avait l’air d’apprécier mes tentatives de diversification cocktaileuse, puisqu’il venait fréquemment goûter mes mojitos en tout début de soirée avant de vaquer à ses occupations commerciales dans le quartier.

Un coup de téléphone et quelques minutes plus tard, Raùl venait s’asseoir au comptoir encore quasi-vide du Tropicana où Zoé lui tendit une caipirinha en lui expliquant la nature de son mal de tête et le nombre d’aspirines dont elle avait besoin.

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15 août 2006

Les seins de Zoé

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 1:39

Ce soir-là, ou plutôt ce matin-là, on jouait pour l’addition : les deux scores les plus bas s’acquitteraient de l’intégralité des consommations du groupe. Un honneur qui n’était pas loin de m’échoir puisque Masa accaparant la dernière place, je jouais l’avant-dernière au coude à coude avec Skye qui avait pourtant raflé la plupart des questions à caractère sexuel impliquant un nombre impair de partenaires. Les autres nous avaient tous mystérieusement devancés dans les manches récentes, glanant leurs points dans des domaines aussi variés que la consommation de Label Bleu (une bouteille en un soir : Pauline), la fréquentation des ashrams indiens (17 mois : Stacy) ou le nombre de reptiles apprivoisés dans un deux-pièces (un python et deux couleuvres : Sachiko).

Quant à Brendan, tout le monde se souvenait maintenant pourquoi c’était une mauvaise idée de jouer à « Qui a déjà? » avec lui : non seulement Brendan a déjà partagé une pipe d’opium avec le pape au milieu de la basilique St Pierre entourés d’une douzaine de prostituées hongroises à peine majeures et de trois tigres albinos, mais en plus il a gardé les photos.

D’ailleurs c’était à son tour de parler. Ce qu’il fit sans la moindre hésitation, mais non sans prendre le temps de vider préalablement son verre d’une traite :

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25 juillet 2006

Babouineries pt. 2

Posté dans : le Japon, Qui sommes-je, où allons-je?, par Dave A. à 12:00

La dernière fois, j’évoquais les conditions dans lesquelles j’avais assisté à un grand tournoi de lattage de gueule thaïlandais, d’assez près pour recevoir des éclaboussures au coin de l’oeil. J’avais même laissé entendre que quelques détails croustillants, avec bris d’os et de dents filmés en gros plan, pourraient constituer la matière première du présent billet. Il n’en est rien bien sûr, et ce vil stratagème n’avait pour autre but que de maintenir artificiellement éveillé l’intérêt ténu des trois lecteurs égarés sur ce blog (avec l’espoir secret qu’ils n’aient pas retrouvé leur chemin entre temps).

En effet, ce n’est pas vraiment du spectacle que j’avais prévu de parler, mais plutôt des spectateurs. Ou pour être exact, des spectatrices. Et même en cela, ne vous attendez pas à quelque fresque sociale vibrante de réalisme, façon National Geographic : le décor et le contexte importent peu en fin de compte, puisqu’il s’agit de parler de moi, comme d’habitude. Moi et mes épiphanies spirituelles à onze heures du soir, au bord d’un ring ensanglanté de la banlieue de Tokyo, mon cinquième verre d’oolong-cha & shochu on the rocks, délicatement posé sur un petit guéridon dans un coin de notre loge. Mais avant d’en arriver là, et pour des motifs tenant autant du délayage grossier que de l’exigence narrative, laissez-moi relater une seconde anecdote qui n’est pas sans rapport avec celle que je vous narrai naguère. Vous verrez, tout s’éclaire à la fin (en ce qui me concerne, en tout cas) :

Quelques mois et quelques milliers de kilomètres après mon séjour à Bangkok, j’étais à Tokyo et invité à un autre grand tournoi d’art martial.

À ce stade du récit, il pourrait être tentant de suggérer que derrière une indifférence affichée, sommeille en moi une passion dévorante et inavouable pour les spectacles de gladiateurs contemporains. Je vous prie de croire qu’il n’en est rien. Cette fréquentation statistiquement improbable des arènes de combat est seulement un exemple flagrant du sens de l’humour un peu pourri pratiqué par les divinités en vigueur. Je suis convaincu qu’à l’heure où je vous parle, il existe quelque part dans le monde, un fan inconditionnel d’arts martiaux qui ne comprend pas pourquoi tout le monde s’entête à lui offrir des tickets d’opéra gratuits et des invitations à partager une loge à la Scala pour la saison.

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27 juin 2006

Babouineries pt. 1

Posté dans : le Reste, par Dave A. à 8:25

Il y a quelques années, lors d’un séjour prolongé en Thaïlande, Ian m’avait convaincu de l’accompagner à son entraînement quotidien de muay thaï.

L’entraîneur, un petit Thaïlandais assez jovial, était parait-il l’un des rares de tout Bangkok à accepter les farangs à ses cours, une ouverture d’esprit inhabituelle peut-être due au fait qu’il avait lui même pas mal voyagé dans sa jeunesse. Par un hasard d’autant moins improbable que ce n’en était pas tout à fait un, il se trouvait aussi connaître le maître du dôjô de kyokushin que j’avais fréquenté à Tokyo l’année précédente. Je me gardai bien de tempérer son enthousiasme en lui précisant que mon assiduité n’avait guère dépassé une demi-saison, par manque d’intérêt pour les techniques particulières propres à cet art martial : frapper des heures durant des piliers de bambou vert avec ses tibias et ses avant-bras, ça fait de formidables montages de séquences dans les films; dans la réalité, ça donne juste une couleur mauve-bleuâtre, très peu seyante pour la plage, à toutes vos extrémités.

Entre deux commentaires en japonais sur la rudesse de l’hiver Tokyoïte, il m’assurait qu’une carrure de pygmée occidental telle que la mienne n’était en rien un obstacle à une carrière sérieuse en muay thai, bien au contraire… Ce que confirmait un rapide coup d’oeil sur la salle, où seule la stature de bûcheron canadien de Ian semblait dominer la mienne… Que j’eûs commencé sous son entraînement à l’âge de onze-douze ans et tout aurait été possible, soupirait-il. Je regardai l’arcade sourcilière fraîchement cicatrisé de Ian, songeai au récit de son mois d’hospitalisation à Phuket et acquiesçai poliment en me disant que l’heure de judo hebdomadaire de mes tendres années au club des Petits Poussins du Yorkshire n’avait pas été si terrible, rétrospectivement.

Le muay thaï quant à lui, était tel que Ian me l’avait présenté : une technique de combat aussi vicieuse qu’efficace, sans autre finalité que de faire une guirlande avec les oreilles de l’adversaire à la fin de l’affrontement. Un art martial n’ayant d’art que celui de foutre des claques militaires sur la gueule des pays voisins pendant un demi-millénaire.

Evidemment, ramené à une époque où le 9mm arrête le Birman au moins aussi sûrement qu’un coup de coude dans le creux de la clavicule, il fallait bien trouver une utilité à un sport qui, contrairement à la plupart de ses collègues asiatiques, n’a jamais eu de visées métaphoriques sur l’Harmonie du Vivant et de la Voie Céleste ou tout autre concept philosophique pouvant s’apprendre à coup de tatane dans la gueule. Cette utilité, fut trouvée dans la reconversion en sport unificateur national : un peu comme la balle-au-pied de nos contrées, juste plus sanglant et légèrement moins chiant. Comme chez nous, on y trouve toutes sortes de matchs : des petits, des grands, des locaux, des nationaux, des truqués, des moins truqués etc.

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2 juin 2006

La Caverne

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 1:36

I love deadlines. I like the whooshing sound they make as they fly by.
Douglas Adams

En ce moment, c’est la saison des deadlines à la maison. Et pendant que les lignes n’en finissent pas de mourir, mon appartement achève rapidement sa mutation en Game Boy géante.

Vous connaissez Tétris? C’est mon évier.

Je m’explique :

Le tournant irréversible d’une partie de Tétris, c’est ce moment où vous avez rempli presque tout l’écran et qu’il ne vous reste même plus de quoi manœuvrer suffisamment les nouvelles pièces, signe annonciateur d’une fin proche et inéluctable. Ramené à l’échelle de mon évier : ce serait quand l’espace en dessous du robinet devient trop exigu pour pouvoir laver ce qui en bloque l’accès ou, a fortiori, y glisser la bouilloire du matin. La seule solution consistant alors à démarrer des parties sur toutes les surfaces planes environnantes en espérant que le chat ne se décide pas à jouer à Donkey Kong avec les cristaux Saint-Louis en équilibre instable sur la cuisinière.

Pour le reste : le matin, c’est surtout Zelda. Vous savez ce jeu à la con où vous passez des heures à parcourir un plateau monotone parsemé d’obstacles, à la recherche de cette putain de clepsydre magique (ou de votre carte orange, suivant les cas) qui se cache quelque part sous une pile de bouquins ou dans une carcasse de pantalon mort.

Le monstre du labyrinthe, c’est un estomac sur pattes à poil ras qui semble faire une fixation sur son stock de croquettes du lever au coucher (le sien, pas le mien), ne me rappelant que trop bien que ma dernière boîte de céréales a rendu l’âme il y a trois jours. Une allégresse devant sa gamelle presque irritante dans ces conditions. Je continue à l’engraisser quand même, on sait jamais.

Il faut être honnête : si nous en sommes arrivés là, c’est aussi par des choix peu matures quand à l’utilisation de l’heure quotidienne de loisirs et expression corporelle prévue par le planning. Loin de mettre celle-ci à profit pour tenter un redressement de la situation en regagnant accès à ma cuisine ou en évacuant la table du salon, je n’ai eu de cesse que d’aggraver les choses en dissolvant mes précieuses minutes de temps libre dans des activités futiles et souvent peu propices à l’assainissement de mon espace de vie. J’ai même poussé l’inconvenance jusqu’à recevoir quelques visiteurs, pourtant du sexe réputé faire cas de tels détails ménagers, me reposant secrètement sur l’espoir que la juxtaposition incongrue d’une demi-douzaine de Dom Ruinart vides, un quintal de notes et ouvrages pseudo-scientifiques divers et un chat obèse, suffirait à établir ma caution poético-scientifique et les convaincre le cas échéant de m’aider à retrouver le lit enterré sous les-dits objets.

On néglige beaucoup trop, de nos jours, le pouvoir de conjuration érotique des oeuvres de Wittgenstein.

18 mai 2006

Décalage de phase…

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 3:45

« C’est la faute du chat… »

[…]

« C’est le chat qui… »

[…]

« Quinze minutes? Oui, mais là c’est à cause du chat, tu comprends il a… »

[…]

Pour la première fois peut-être de toute ma misérable existence de retardataire chronique, je possède une excuse valide et véridique… Et par sa seule présence dans l’équation, ce veule félin la transforme en farce de grand boulevard à la crédibilité digne d’un scénario de film français contemporain.

Pourtant est-ce ma faute si c’est ce matin là, lors même que je m’apprêtais à dévaler l’escalier pour me rendre au point de rendez-vous convenu, que cette vessie sur pattes a choisi de pisser aux quatre coins de la cuisine?

Pour être authentique, l’excuse n’en est pas moins dénuée de toute la dignité nécessaire à ce genre de situation. J’en ai pleinement conscience, croyez le bien. Et si les développements potentiels cocasses d’un tel incipit ne m’échappent pas, le rictus nerveux qui accompagne ma réflexion est surtout dû au manque d’oxygène, à mi-chemin de cette putain de rue Saint-André-des-Arts qui n’en finit pas de dérouler son odeur de frite froide dans le petit matin déjà chaud.

A l’évidence, la psychologie féminine dans son ensemble m’est plutôt étrangère. Une seule chose, gravée au fond de mes neurones à coups de regards noirs acérés comme des pics à glace… En toute occasion et sans exception, il est deux sujets dont l’on ne plaisante jamais avec une femme: les fluctuation de tour de taille (les siennes) et les retards (les siens).

De toutes manières, j’arrive presque à la fin de mon 600 mètres haies, il ne me reste que quelques secondes pour préparer mentalement ma dogeza. Sur le goudron râpeux du boulevard Saint Michel, ça risque de faire mal aux genoux. Mais moins mal qu’un katana entre les omoplates. Résigné, je parcours les derniers mètres le souffle court, mais l’âme en paix.

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3 mai 2006

Retour de Flamme

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 9:34

J’ai gardé de bon rapports avec presque toutes mes anciennes flammes, y compris celles dont l’extinction a pu se faire avec toute la subtilité d’un puit de pétrole koweitien.

J’aime à y voir le reflet de la maturité affective qui sied à un jeune homme de son temps.

Il se trouve toujours quelques esprits chagrins pour mettre en avant le fait que le remplacement du traditionnel entretien de fin de relation par un billet aller-simple pour l’autre bout du globe aurait pu gonfler artificiellement ces résultats.

Il n’en est rien, bien sûr. Et j’en veux comme preuve la visite inopinée de E., d’avec qui la rupture et les nombreux vols de vaisselle à basse altitude qui l’accompagnèrent ne prêtèrent guère à la moindre ambiguïté.

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10 avril 2006

Trois Souvenirs Acidulés pt. I

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 5:45

I hate to advocate drugs, alcohol, violence or insanity to anyone, but they’ve always worked for me.
Hunter S. Thomson

Blackrock City, Nevada. 3 Septembre de la fin du second millénaire, vers 7 heures du soir.

Assis sur une caisse de champagne, j’opère le désensablage rudimentaire de mon verre avant d’y jeter quelques glaçons généreusement arrosés de vodka, jus de tomate puis d’une demi-douzaine d’épices et ingrédients variés. Au milieu du désert, le Bloody Mary est bien plus qu’un simple cocktail: c’est un breuvage indispensable à la survie de l’homme blanc en terrain aride semi-hostile. Fournissant d’une part sa ration de nutriments et sel minéraux au bédouin des temps modernes, lors que son niveau savamment contrôlé d’acidité citrique et de piments contribuent à garder éveillé chez le consommateur une saine envie de rester hydraté.

Il n’y a plus de raifort sauvage: un Bloody Mary correct étant désormais hors de question, il faut se rabattre sur un Cosmopolitan. Monde cruel.

J’ai à peine fini de servir le sien à Becky que Tom surgit et dépose le coffre à costumes à nos pieds en nous intimant de nous dépêcher pour ne pas rater l’allumage du bûcher qui ne saurait tarder.

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22 mars 2006

De l’art d’occuper son temps revendicatif

Posté dans : l'Actualité, par Dave A. à 8:02

Un jour, je pense qu’il se trouvera bien quelques psycho-historiens tendance hégélo-lacanienne pour analyser le caractère cyclique légèrement lancinant des mouvements sociaux français.

D’un coté le Jeune, l’oeil humide, brûlant de tuer le Père et montrer à son tour que si en France on n’a plus de pavés, on a toujours des idées. De l’autre, l’Aîné soixante-huitard, baignant dans son paternalisme condescendant, mais incapable de réprimer une petite larme d’encouragement nostalgique entre deux meeting de son agence de com’. Pour les digressions sur la nature exacte de la Mère qu’il importe de séduire ou violenter dans cette métaphore freudienne vaseuse: allez piocher au choix dans Delacroix, Jacques-Louis David ou Jean-François Kahn, je ne suis pas trop regardant en matière d’allégorie éculée.

Quoi qu’il en soit, n’allez pas croire un instant que mon statut réaffirmé d’aigri prématuré, mouvance petit con, ne me pousse à la moindre animosité envers ceux de mes chers camarades qui canalisent l’expression de leurs revendications politiques par l’empilement stratégique de mobilier de bureau à l’entrée des locaux universitaires. Pour tout dire, compte-tenu de mon humeur peu sociable de ces derniers jours, ça m’arrangerait plutôt.

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1 février 2006

Contrebande

Posté dans : Oncle Dave raconte..., par Dave A. à 3:30

A en croire certaines rumeurs, la famille aurait compté au sein de sa lignée manx quelques contrebandiers notables. Calomnies insidieuses alimentées par la découverte dans les années 1950, d’une frégate de contrebande en parfait état dans le cellier de la résidence familiale où mon illustre ancêtre l’y avait amoureusement entreposée un siècle plus tôt. La présence sur l’embarcation d’une demi-douzaine de canons en fonte indiquerait en outre quelques activités de flibusterie légère, mais comme il y a tout égard de penser que celles-ci étaient réservées à l’encontre des seules flottes françaises, l’honneur est sauf. Quant à la contrebande, rien de bien exceptionnel non plus: la moitié de l’Île de Man, noblesse comprise, s’y est toujours adonné avec passion. Il fallait bien faire tourner l’économie en attendant de remplacer le rhum par les devises étrangères et devenir l’un des paradis fiscaux du vingt-et-unième siècle.

Compte-tenu de ces prédispositions peu bienveillantes à l’encontre de la profession douanière (dans ce domaine, des noms illustres me précèdent) ainsi que d’un goût, assez atavique lui-aussi, pour un nomadisme impliquant de fréquents contacts avec celle-ci, on serait en droit à s’attendre à de nombreuses histoires d’horreur ponctuées de déversements de bile sur la corporation internationale des renifleurs de bagages enképités…

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4 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est [dénouement]

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 6:34

Ce soir là, donc…

Nous tournions à effectif réduit: Skye était repartie au bras d’un des clients peu avant minuit, le plongeur philippin avait été congédié pour la soirée et le patron avait depuis longtemps entamé sa tournée des bars à hôtesses du quartier d’où il ne reviendrait, avec un peu de chance, pas avant le soir suivant pour peu qu’un coin de bar ou de trottoir accueillant ne se présente sur le laborieux chemin de son retour matutinal. Ne restaient que Pauline, moi et les restes agonisant de nos cortex cerebellum respectifs, très mal remis des excés de la veille.

Traditionnellement, Pauline s’occupait d’abreuver les ovoïdaux mugissants au tord-boyau du kentucky, tandis que je vérifiais régulièrement le niveau des bouteilles coté V.I.P., où la célébration de quelque succés commercial et l’indispensable présence d’une souriante équipe de jeunes filles en robe de soirée, chignon relevé, avait le bon goût de m’ôter toute responsabilité quant au service ce soir là. Pour le reste: décapsulages de bouteilles d’urine de félin pour les clients mâles, mélanges sucrés à la glace pilée pour les femelles, comprimés de magnésium vitaminé effervescent pour le personnel…

Question vidéo, nous étions tombé d’accord pour laisser Entrer le Dragon, choix classique présentant l’avantage de ne pas pâtir outre-mesure du remplacement de sa bande-son originale par la sélection musicale du club. En fait, doublé sur fond de disco-funk, ça donnait une version hongkongaise de la Fièvre du Samedi Soir plutôt convaincante.

Pas assez abrutis par l’alcool pour alimenter les conversations éthyliques de la clientèle, peu enclins à faire un effort pour le devenir ce soir-là, nous occupions notre copieux temps libre, Pauline: à compter le nombre de haussements de sourcil de Bruce à travers le film, moi: à jouer les fonds de bouteilles du bar aux dés avec la rabatteuse du salon de massage chinois d’en face, venue se réchauffer entre deux argumentaires de vente infructueux…

Que s’est il exactement passé à ce moment?

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2 janvier 2006

Il était une fois dans l’Est

Posté dans : le Japon, par Dave A. à 1:53

Et sans plus tarder, la réponse tant attendue à nos récents questionnements rhétoriques existentiels

C’était la fin de l’automne, le début de la semaine et le début de la fin pour bien d’autres choses. En pleine traversée de ces improbables heures qui séparent le dernier métro de celui du petit matin. À notre bord, l’équipage des soirs de faible fréquentation.

Club NV était d’une taille à peu près idéale: juste assez petit pour ne pas bénéficier d’un surcroît d’attention indésirable, mais suffisamment grand pour échapper à la traditionnelle guirlande de cirrhoses de comptoir, typique des plus petits établissements. Quel que soit le soir, il n’y avait guère de ces habitués cuvant leur mélancolie éthylique au bar… Quelques groupes caractéristiques se détachaient cependant de la foule des noctambules anonymes:

Un important contingent de joueurs de rugby néo-zélandais, d’une part, occupait souvent un volume métrique non négligeable à l’intérieur du club. Les mêmes origines méridio-hémisphèriques des deux barmaids, la propension de l’une en particulier à mettre en valeur les atouts que lui avait dispensés Mère Nature (avec un peu d’assistance de Tonton Bistouri), ayant entraîné une préférences patriotico-hormonales pour l’endroit et sa subséquentes utilisation comme succursale de vestiaire lors de leurs fréquents passages dans la capitale.

A l’autre extrémité du club et de l’échelle socio-professionelle se tenaient les mystérieux rendez-vous d’affaires de quelques japonais en costume trois pièces, discrets au point d’en faire presque oublier leur occupation quasi-permanente du carré V.I.P. à des fins professionelles. Des sortes de comités d’entreprise un peu particuliers présidés par un vénérable quinquagénaire que nous appellerons Matsumoto: non pas pour quelque vague ressemblance avec la peu-crédible création cinématographique éponyme, mais parce que l’impérieux besoin de respecter ici un certain degré de discrétion n’a d’égal que mon incapacité générale à trouver des pseudonymes convaincants aux protagonistes de mes récits. On notera donc que, contrairement à son homonyme né des effluves enfiévrés d’une poignée de neurones occidentaux surchauffés plongés dans un bain d’hormones pré-pubères, ce Boss Matsumoto-là n’était ni tortionnaire sadique, ni pédophile, ni même entouré d’une armée de tueurs fanatiques portant improbables loup vénitien et katana… Bon, il était quand même ce qu’il serait tenu d’appeler un Yakuza. Mais nul n’est parfait après tout.

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26 décembre 2005

Souvenir de Vacances à la Neige

Posté dans : Oncle Dave raconte..., par Dave A. à 2:07

Pour vous faire patienter de la parution de notre Spécial Japon: un petit intermède spécial Noël & Petit Jésus.

Comme plusieurs millions de terriens qui n’ont pas eu la chance de naître mahométans, ou dans un pays suffisamment pauvre pour empêcher toute considération dinde-aux-marronesque au moment des fêtes, il y a fort à parier que vous étiez hier soir occupé à célébrer le deux-mille-cinquième du fils du boss. Ou à défaut de célébrer: consciencieusement occupé à vous pinter au Dom Pérignon coupé de vodka, tout en mâchant des aiguilles de sapin pour faire passer le temps et accélérer la perte des capacités cognitives.

Vous vous dites qu’il est difficile d’égaler, en termes de sourires crispés et silences inconfortables: le moment où la tante Martha s’est enquise des ambitions reproductrices de l’inverti de la famille, la main baladeuse du grand-père libidineux sur la cuisse de la petite cousine, la bataille de traiteurs entre Belle-Maman et Jocelyne, accompagnée de commentaires fielleux sur la fraîcheur des huîtres et la qualité de cuisson de la volaille, ou bien encore le ton qui monte entre Robert, passablement éméché, et sa femme, dont le décolleté pigeonnant menace à tout instant de relâcher une paire de seins ménopausés sur la bûche, éborgnant au passage Jean-Pierre, qui n’a pas encore commencé à sangloter sur sa séparation récente d’avec Monique, mais ça ne saurait tarder…

Permettez moi dans ce cas de vous narrer cette courte anecdote, sorte de madeleine proustienne des temps modernes, dont le faible intérêt tient essentiellement à sa rigoureuse authenticité.

Le plat en céramique chinoise

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27 octobre 2005

Nos Gentils Voisins

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 7:14

Bonne nouvelle: non seulement la cellule de dégrisement de mon commissariat local est équipée du dernier cri en matière de technologies informatiques, mais en plus, la geôlière dort à poings fermés…

Reprenons donc…

Avant même que nous n’emménagions, Alexandra et moi, Ricardo avait tenu à être franc sur un sujet: quatre à cinq fois par an, il lui incombait d’organiser l’accueil d’un cercle élargi de ses relations pour une soirée à caractère thématique. Le thème en question reposant essentiellement sur l’application mutuelle de châtiments corporels à vocation érotique. Une sorte de club de lecture spécialisé dans certaines oeuvres fin du XVIIIè avec un intérêt particulier pour la mise en pratique.

Une soirée S&M, et pas n’importe laquelle, puisque, l’événement étant relativement coté parmi quelques personnalités publiques de la région, le port du loup vénitien y était tout à fait commun, à des fins confidentielles, sinon ludiques.

A ce stade du récit, et compte tenu des mentions de fouet, notables locaux et port du masque, il sera pardonné au moins Kubrickien des lecteurs d’avoir à l’esprit des visions de messes démoniaques baignées de vapeurs surréalistes qui se dissiperaient par endroit pour révéler tour à tour les insoutenables silhouettes d’adolescents pré-pubères, ex-mannequins héroïnomanes, innocents hamsters et autres ratons laveurs, tous à la merci des perversions lubriques d’une poignée de néo-patriciens sanguinaires…

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14 octobre 2005

La Fête à la Maison

Posté dans : la Californie, par Dave A. à 4:02

Plus ça va, plus ce blog s’écarte énormément des valeurs fondamentales du blogging. A savoir: masser mon ego en racontant ma vie à des inconnu(e)s et en économisant sur mes frais de psychanalyse.

Le problème, c’est que des blogs de thérapie de groupe, j’en ai déjà deux, et j’ai horreur de me répéter, fut-ce dans des langues différentes. Donc pour tout ce qui concerne mes fascinantes aventures au pays des distributeurs automatiques de petites culottes, j’ai peur qu’il ne vous faille aller les lire en version originale pour le moment.

À défaut, j’ai décidé de déterrer quelques souvenirs de ma folle jeunesse sous le doux soleil de Californie (d’autant plus doux qu’il a pas mal de couches de dioxyde de carbone à traverser pour taper sur les trottoirs de Sunset Blvd). Un choix essentiellement motivé par le statut de prescription couvrant la plupart des faits relatés et devant a priori me préserver de tout risque de poursuite au pénal. Pour bien faire et rester chronologique, j’aurais probablement du commencer avec les années Londres, mais là, pour le coup, mon avocat m’assure qu’il vaut mieux encore attendre quelques temps avant de commencer à balancer le nom de tous les show-bizzeux pour lesquelles mes responsabilités de serveur de l’étage V.I.P. relevaient autant sinon plus de la géométrie conique et du maquettisme ferroviaire poudreux que de la concoction de vodka-martinis.

En conséquence, je pense qu’une rapide introduction scénique des principaux protagonistes ne pourra que bénéficier à la clarté des bien pauvres anecdotes qui, n’en doutez pas, deviendront un thème récurrent de ce blog en attendant mieux:

Mise en Situation Temporelle

Située aux jours heureux de l’entre-deux-Bushs, l’époque précise du récit importe peu. Par intérêt historique, on pourra tout de même mentionner que les seules explosions de bulles de silicones à déplorer sont encore limitées aux cliniques privées d’Orange County. Le recrutement pour le poste d’Ennemi Juré des Etats-Unis bat son plein: depuis la décennie précédente et la défection du Rouge Mangeur d’Enfants, la position reste vacante malgré quelques brefs intérims menés de plus ou moins bonne grâce par Saddam Hussein. Les Terroristes n’ont pas encore eu le mauvais goût de venir laver leur linge sale à coup de Boeings 747 sur le sol New Yorkais… Et il est par conséquent encore possible d’atterrir à LAX avec son coupe-ongle ou trois grammes d’échange culturel dans les chaussettes sans finir à Guantanamo. Les vêtements se portent avec des trous si vous habitez Seattle, avec des taches douteuses si vous êtes stagiaire à Washington. L’insouciance règne. La vie est belle en technicolor et en son THX.

Mise en Situation Spatiale

Le fief de West Hollywood ne serait pas sans rappeler à nos lecteurs parisiens une sorte de quartier du Marais, à condition de remplacer les charmantes petites ruelles d’icelui par des autoroutes quatre voies. Sinon, le peuplement de la région s’est fait de manière assez similaire: comptant un fort pourcentage de juifs immigrés d’Europe de l’Est d’un coté, mais aussi en compétition serrée avec San Francisco et Palm Springs pour le titre de plus grand fan-club local de Judy Garland et Liza Minelli. Le candidat idéal à l’implantation sera donc à la fois gay et ashkénaze. Et riche de préférence.

Ce qu’il faut retenir: A West Hollywood, on ne dit pas: « vieille peau cinglée qui garde les dépouilles de tous ses chats dans un congélateur à la cave », on dit: « riche excentrique ».

La Distribution

Mais quels sont les délicieux personnages qui vont agrémenter cette fresque épique de la vie d’un Européen en Californie du Sud?

Tout d’abord il y a bien sûr:

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et ignotas animum dimittit in artes